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Un jour la pluie remontera au ciel (Cabrel)
Jean
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Date d'inscription : 09/12/2014
Localisation : Issoire
Jean- Messages : 48099
Date d'inscription : 09/12/2014
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Les accrochages sont quasi quotidiens à Jérusalem-Est et dans les Territoires. Dimanche, des affrontements ont gagné l’esplanade des Mosquées.
La colère gronde de nouveau en Palestine. Dimanche, de violents incidents se sont en effet produits dans la vieille ville de Jérusalem, lorsque des extrémistes juifs ont tenté de pénétrer sur l’esplanade des Mosquées pour y prier à l’occasion de «Tisha Be’Av», la fête commémorant la destruction de leur temple par les légions de l’empereur Titus, en 70 de notre ère.
Jean- Messages : 48099
Date d'inscription : 09/12/2014
Localisation : Issoire
«Terroristes, assassins d’enfants !» scandaient certains de ces ultras affiliés au mouvement extraparlementaire d’extrême droite Lehava, en pointant du doigt chaque Arabe croisé dans la rue. «Chiens, fils de chiens, brûlez en enfer», rétorquaient les Mourabitoun, («sentinelles», en arabe), de jeunes musulmans stationnant devant la porte des Lions, l’une des plus petites entrées de la vieille ville, sous la direction d’un certain Mansour, prêcheur barbu intarissable. «Nous défendrons notre mosquée sacrée d’une destruction programmée par les juifs. Jusqu’à la mort s’il le faut !»clamaient-ils. Recrutés par le Waqf (la structure gérant le lieu saint) et par le Mouvement islamique (une organisation arabe israélienne liée aux Frères musulmans), les Mourabitoun («hommes») et les Mourabitat(«femmes») veillent jour et nuit. «Allah akbar», crient-ils régulièrement en pointant un doigt vers le ciel. Dimanche, la colère de ces militants était d’autant plus grande qu’Avia Moris, une jeune femme juive qui s’était déjà signalée en 2012 en crachant au visage d’un député arabe israélien, les avait provoqués en traitant le prophète Mahomet de «cochon». La police israélienne censée maintenir l’ordre a laissé faire et la justice n’est pas intervenue.
«Vous vous étonnez de voir la tension remonter à Jérusalem et en Cisjordanie ? Regardez donc qui se passe et ce que nous vivons quotidiennement, assène Adnan Husseini, gouverneur palestinien de Jérusalem. Avant, les extrémistes juifs n’étaient qu’une poignée. Dangereux certes, mais isolés. Aujourd’hui, ils sont soutenus par leur gouvernement, par des députés, par des gens importants. Ils veulent transformer le conflit israélo-palestinien, qui est de nature politique, en une guerre de religions, dont nous ne voulons à aucun prix.» Et de poursuivre : «Si la situation continue de se dégrader, je ne sais pas comment nous pourrons nous en sortir. Qu’est-ce qui va se passer si les gens commencent à s’étriper autour des lieux saints ? Ce qui se déroule en ce moment a des répercussions sur l’ensemble des territoires palestiniens.» De fait, les accrochages se multiplient à Jérusalem-Est et en Cisjordanie : 151 en mai, 120 en juin. A en croire le Shabak, la Sûreté générale israélienne, plus connue en Europe sous son ancien nom de Shin Beth, le niveau de violence n’a pas cessé de croître depuis cinq mois.
«En Cisjordanie, personne ne croit à ces sornettes, mais le plus triste, c’est que plusieurs Palestiniens ont été tués dans des circonstances aussi étranges depuis deux semaines et que personne ne s’y intéresse dans les médias occidentaux. Si j’étais cynique, je dirais que ces histoires sont passées de mode. Ou qu’elles ne sont pas assez croustillantes comparées à celles de Daesh qui scénarise ses tueries de masse», ricane Azar D., un politologue formé à l’université de Bir Zeit (au nord de Ramallah). Pourtant, il s’agit bien d’assassinats.
Le 3 juillet à Kalandia, un officier de Tsahal a ainsi été filmé alors qu’il sortait de sa jeep pour abattre de plusieurs balles dans le dos un adolescent de 17 ans au prétexte qu’il «mettait prétendument sa vie en danger», précise Azar D. «Dans les jours suivant, deux autres Palestiniens ont été tués au cours d’"émeutes" qui n’ont jamais eu lieu. Comment voulez-vous que nous restions stoïques ? Ici, chacune de ces morts injustes est suivie par un enterrement qui se termine par de nouvelles violences, entraînant de nouvelles arrestations et de nouveaux actes de répression israéliens. C’est un cycle sans fin», poursuit-il. A en croire les porte-parole israéliens, le Hamas serait à l’origine de la multiplication des incidents en Cisjordanie. Il tenterait de «déstabiliser l’Autorité palestinienne» (AP) et de «renforcer son infrastructure en Judée-Samarie [la Cisjordanie occupée, ndlr] en vue d’une troisième Intifada».
«Vous vous étonnez de voir la tension remonter à Jérusalem et en Cisjordanie ? Regardez donc qui se passe et ce que nous vivons quotidiennement, assène Adnan Husseini, gouverneur palestinien de Jérusalem. Avant, les extrémistes juifs n’étaient qu’une poignée. Dangereux certes, mais isolés. Aujourd’hui, ils sont soutenus par leur gouvernement, par des députés, par des gens importants. Ils veulent transformer le conflit israélo-palestinien, qui est de nature politique, en une guerre de religions, dont nous ne voulons à aucun prix.» Et de poursuivre : «Si la situation continue de se dégrader, je ne sais pas comment nous pourrons nous en sortir. Qu’est-ce qui va se passer si les gens commencent à s’étriper autour des lieux saints ? Ce qui se déroule en ce moment a des répercussions sur l’ensemble des territoires palestiniens.» De fait, les accrochages se multiplient à Jérusalem-Est et en Cisjordanie : 151 en mai, 120 en juin. A en croire le Shabak, la Sûreté générale israélienne, plus connue en Europe sous son ancien nom de Shin Beth, le niveau de violence n’a pas cessé de croître depuis cinq mois.
«SORNETTES»
En général, personne ne parle de ces incidents, sauf lorsque des Israéliens en sont les victimes. Pourtant, les Palestiniens sont toujours plus nombreux à mourir que les ressortissants de l’Etat hébreu. Lundi, au lendemain de l’explosion de violence sur l’esplanade des Mosquées, un Palestinien «soupçonné de préparer un attentat» a ainsi été interpellé au point de passage de Kalandia, sur la route menant de Jérusalem à Ramallah. Selon les autorités, le jeune homme aurait été blessé aux jambes par les gardes-frontières israéliens en tentant de fuir avec un complice. Il aurait réussi à grimper sur un toit malgré ses blessures et serait mort en s’écrasant sur le sol.«En Cisjordanie, personne ne croit à ces sornettes, mais le plus triste, c’est que plusieurs Palestiniens ont été tués dans des circonstances aussi étranges depuis deux semaines et que personne ne s’y intéresse dans les médias occidentaux. Si j’étais cynique, je dirais que ces histoires sont passées de mode. Ou qu’elles ne sont pas assez croustillantes comparées à celles de Daesh qui scénarise ses tueries de masse», ricane Azar D., un politologue formé à l’université de Bir Zeit (au nord de Ramallah). Pourtant, il s’agit bien d’assassinats.
Le 3 juillet à Kalandia, un officier de Tsahal a ainsi été filmé alors qu’il sortait de sa jeep pour abattre de plusieurs balles dans le dos un adolescent de 17 ans au prétexte qu’il «mettait prétendument sa vie en danger», précise Azar D. «Dans les jours suivant, deux autres Palestiniens ont été tués au cours d’"émeutes" qui n’ont jamais eu lieu. Comment voulez-vous que nous restions stoïques ? Ici, chacune de ces morts injustes est suivie par un enterrement qui se termine par de nouvelles violences, entraînant de nouvelles arrestations et de nouveaux actes de répression israéliens. C’est un cycle sans fin», poursuit-il. A en croire les porte-parole israéliens, le Hamas serait à l’origine de la multiplication des incidents en Cisjordanie. Il tenterait de «déstabiliser l’Autorité palestinienne» (AP) et de «renforcer son infrastructure en Judée-Samarie [la Cisjordanie occupée, ndlr] en vue d’une troisième Intifada».
Jean- Messages : 48099
Date d'inscription : 09/12/2014
Localisation : Issoire
«FUSÉES MADE IN CHINA»
En réalité, même si des militants de l’organisation islamiste ont récemment été impliqués dans l’assassinat d’un colon et que des membres du Fatah (le parti de Mahmoud Abbas) ont tué un randonneur dans le courant du mois de juin, la plupart des incidents éclatent de manière spontanée. «Il suffit que quelque chose se passe sur l’esplanade des Mosquées ou qu’un Palestinien soit tué dans des circonstances troubles pour que le terrain s’embrase, reconnaît Fouad Shihabi, un ancien cadre de l’AP. Ça démarre au quart de tour, sous n’importe quel prétexte, car nos jeunes brûlent de l’intérieur. Ils n’ont pas besoin du Fatah ou du Hamas pour descendre dans la rue. Ils le font souvent de manière désordonnée et la nouvelle loi israélienne prévoyant des peines de dix et vingt ans de prison pour les lanceurs de pierres ne leur fait pas peur.»Sur le terrain, les manifestants délaissent pourtant les pierres au profit d’«armes» plus modernes : les fusées de feux d’artifice importées clandestinement. Efficace ? Pas sûr. Mais c’est voyant et ça fait du bruit. Le 26 juillet, à Barta, un petit village des environs de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, la police israélienne en a en tout cas saisi plusieurs centaines de kilos planqués dans un entrepôt souterrain. «Les fusées made in China et les pistolets en plastique tirant des billes de plomb à vingt mètres sont désormais "tendance" chez les émeutiers palestiniens, affirme un officier du Yamar, une unité spéciale de la police israélienne. Nous ne sommes plus dans les années 90. Puisqu’ils se méfient du téléphone, ils coordonnent leurs opérations grâce à Facebook et WhatsApp. C’est une Intifada 2.0, mais très "low-cost" car ces gens-là n’ont pas beaucoup de moyens. Seulement leur volonté d’en découdre.»
De leur côté, les Israéliens utilisent également de nouvelles armes. A commencer par les sponge bullets, des «balles-éponges» en mousse bleue que les policiers antiémeutes portent en bandoulière comme des pistolerosmexicains. Ces projectiles ne sont pas considérés comme létaux et leurs utilisateurs s’en servent à tir tendu sur des cibles qui les reçoivent souvent en plein visage. Au risque de perdre un œil, voire les deux. Depuis le début de l’année, une dizaine de mineurs résidant à Jérusalem-Est et dans les villages de la région de Ramallah ont ainsi été gravement touchés. Et trois cas au moins ont été signalés depuis le début du mois de juin. Leurs parents voudraient bien qu’une autorité médicale israélienne ou palestinienne prenne leurs enfants en charge, mais à part la compassion des voisins, ils ne peuvent compter sur personne.
Par Nissim Behar Envoyé spécial en Cisjordanie
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