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Message par Jean Mer 22 Jan - 15:34

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Message par Jean Mer 22 Jan - 15:41

Johnny, de l’enfant de la balle au dieu des stades.


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Que retiendra-t-on ? Le rocker ou le roi de la variét’ ? Le hippie ou le californien bodybuildé ? Le beauf ou le beau ? Johnny était tout ça à la fois. À l’image de ses soixante ans de carrière : hors norme. Cet article est extrait du hors-série “Johnny, la dernière idole”, en kiosques.

« Je m’appelle Jean-Philippe Smet / Je suis né à Paris / Vous me connaissez mieux / Sous le nom de Johnny / Un soir de juin, en 1943 / Je suis né dans la rue… » Tous en chœur : « Oh ! oui, je suis né dans la ruuuuuue ! » Tiens, une autre : « Le jour de ma naissance / Un scarabée est mort / Je le porte autour de mon cou ! » Sacré Johnny. Tout le monde connaît ces extraits de chansons, Je suis né dans la rue et Voyage au pays des vivants… Et personne n’ignore que c’est du pipeau. Notre Jojo n’était pas né dans le caniveau, mais dans un berceau, comme tout le monde ou presque. Et si, au cours de sa carrière mouvementée, il a effectivement exhibé des tas de bidules autour de son cou (colliers hindous, chaînes en or, cravates, bandanas…), on ne l’a jamais vu se balader avec un coléoptère sous le menton. Peu importe. Car c’était ça, la magie de Johnny : la vérité, la vraie, les faits, la réalité, finalement on s’en battait l’œil. Ça s’appelle une légende. Depuis près de soixante ans que l’olibrius promenait sa grande carcasse dans notre paysage, on s’était habitué à ses frasques et à ses défroques, à ses virées et à ses revirements, à ses femmes et à ses fans. Mieux, on les avait accaparés.
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Message par Jean Mer 22 Jan - 15:44

Françoise Hardy : “Johnny avait une volonté insensée”

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Elle fut, comme lui, une étoile des yéyés, et affiche, comme lui, une remarquable longévité artistique. Alors qu'elle est actuellement en studio pour enregistrer un nouvel album, Françoise Hardy a bien voulu nous parler, et se souvenir de Johnny.  
Quel sentiment suscite en vous la mort de Johnny ?
Ce ne fut pas une surprise, mais ça reste un choc. Je suis très triste. La dernière fois que je l’ai vu, c’était en juin, à Bercy, pour le concert des Vieilles Canailles. Quand je suis entrée dans la loge, j’étais vraiment embarrassée. Jacques m’avait avertie qu’il était très malade. Que pouvais-je lui dire ? Je me suis servie de ce qui m’était arrivé deux ans plus tôt : alors que j’étais inconsciente, le médecin avait fait appeler Jacques et Thomas en leur disant que c’était la fin. « Et tu vois, lui ai-je dit, je suis toujours là ! » Je crois que cela avait réconforté Laeticia. Johnny, je ne suis pas sûre. Il m’avait semblé abattu — et pas seulement parce qu’il était épuisé en sortant de scène. A mon avis, il était parfaitement conscient de ce qui l’attendait. D’ailleurs, je me demande comment il a pu assurer cette tournée. Croyez-moi, je connais les chimios — et les miennes étaient moins lourdes que les siennes. Or il en a subi une deux jours avant le début de la tournée, puis au moins une autre pendant. Il a tenu jusqu’au bout. On peut vraiment parler de courage. De volonté insensée.
Vous vous sentiez proche de lui ?
Disons que nous avions plein de petits points communs. D’abord nous avons grandi, sans le savoir, à quelques mètres l’un de l’autre, dans le 9e arrondissement de Paris. Qui sait, nous avons peut-être fréquenté le même crémier !
Plus tard, nous nous sommes retrouvés dans la même maison de disques, Vogue. Mais après quel périple, me concernant ! J’avais d’abord auditionné chez Pathé Marconi, sans que cela débouche sur quoi que ce soit. Puis j’étais allée voir Philips... mais l’audition était payante, et je n’avais pas les moyens. Alors j’ai pensé aux disques de Johnny, parce qu’ils avaient des orchestrations vraiment... pas terribles du tout ! Je me suis dit : « Si chez Vogue ils acceptent des arrangements aussi médiocres, peut-être sont-ils moins exigeants. » Et en effet, Vogue m’a retenue. Ce n’était pas un si bon calcul parce que j’ai eu droit à des musiciens encore pires que ceux de Johnny ! Pour lui comme pour moi, ça ne s’est amélioré que quand nous sommes allés chez Philips.
Et puis, bien sûr, nous avons été nourris des mêmes influences : Elvis Presley, les Everly Brothers, Paul Anka… Des gens qui faisaient du rock, mais aussi des ballades formidables, avec de très belles mélodies. Cela dit, les premières chansons de Johnny ne m’intéressaient pas beaucoup : il importait surtout des tubes anglo-saxons, adaptés en français. Je préférais les originaux.
Plus tard, vous vous êtes mieux connus. Faisait-il partie de vos amis ?
Il ne faut pas oublier que Johnny était très « copains ». Ses amitiés étaient masculines. Si je l’ai beaucoup croisé à l’époque yéyé, j’étais surtout proche de Sylvie. En 1970, elle a eu un terrible accident de voiture, et elle a dû partir aux Etats-Unis pour se faire soigner. Elle y est restée un an ! Johnny, lui, était en France. Un jour, il m’appelle pour m’inviter chez eux. Très gentil. J’étais touchée... Mais j’ai été un peu refroidie en constatant sur place qu’il y avait plein de très jolies filles autour de lui ! [rires]
Vous le préfériez sur scène ?
Je pense avoir vu à peu près tous ses spectacles. La première fois, c’était à l’occasion d’un festival de rock’n’roll au Palais des sports. Je n’avais encore rien enregistré, et je me demande bien comment j’avais pu me payer une place… Quoi qu’il en soit, je me suis retrouvée là-bas. J’y allais pour Richard Anthony, dont j’adorais La Rue des cœurs perdus. Mais déception : sur scène, ça n’avait pas l’once d’une once d’un interêt ! En revanche, quand Johnny est apparu, j’ai été immédiatement subjuguée. Je le serai restée jusqu’à la fin de sa carrière.
Il savait occuper la scène comme personne. Une fois qu’il était là, on ne pouvait plus le quitter des yeux. Quelle présence ! Et puis je l’ai toujours trouvé très gracieux. J’aimais le moindre de ses gestes. Du coup, je ne faisais pas attention à ce qui me plaisait moins chez lui, ses tenues par exemple…
Votre concert préféré de Johnny ?
A Bercy, en 1987. C’est même sans doute le plus beau que j’aie jamais vu, tous artistes confondus ! Michel Berger faisait la mise en scène. Dès que je suis rentrée, j’ai dit à Jacques (Dutronc) : « Il faut absolument que tu voies cela ! » Je voulais aussi emmener Thomas, qui avait 14 ans et qui ne connaissait pas vraiment Johnny. J’ai remué ciel et terre pour trouver des places, c’était plein à craquer. Finalement, j’ai réussi à en avoir pour le dimanche après-midi – le soir, impossible, Thomas avait école le lendemain. Et voilà que le dimanche matin Jacques m’annonce que, même s’il aime beaucoup Johnny, il ne veut plus y aller ; il a toujours détesté sortir de la maison… J’avais dérangé tous ces gens pour obtenir ces places, et nous allions faire faux bond ? Je me suis sentie désemparée, je me suis mise à pleurer et je vous jure que je n’ai pas fait semblant ! Alors, de mauvaise grâce, Jacques a cédé, et nous y sommes allés tous les trois. C’était vraiment un très beau concert.
Johnny était un très grand chanteur. J’ai mis un peu de temps à le comprendre. Même si j’ai toujours apprécié Retiens la nuit ou Toute la musique que j’aime, c’est avec l’album de Michel Berger [Rock’n’roll Attitude en 1985, ndlr] que j’en ai vraiment pris conscience. C’était un interprète hors norme. D’ailleurs, en général, la voix s’abîme avec l’âge. La sienne avait suivi le chemin inverse : elle était devenue de plus en plus belle.
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Message par Mounette Mer 22 Jan - 15:46

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Message par Jean Mer 22 Jan - 15:53

Johnny, d’aussi loin qu’ils s’en souviennent

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Une apparition télévisée, “Gabrielle” les poignets en croix… Qu’ils l’aient découvert sur scène, dans le poste ou en lui tendant le micro, les journalistes de “Télérama” font remonter leurs souvenirs souvenirs du chanteur disparu.
Et le Hummer arriva…
Concert de Johnny Hallyday au Festival des Vieilles Charrues en 2006.

C’était en 2006, devant plusieurs milliers de festivaliers hydratés à la bière. Johnny était annoncé : il allumerait le feu aux Vieilles Charrues, festival géant qui a lieu chaque été dans la petite ville de Carhaix-Plouguer, centre Bretagne. Sa venue était un événement. On murmurait : la star arrivera de Paris — ou de Marnes-la-Coquette ? — en hélico. Le chauffeur de son Hummer, 4x4 américain aux allures de char d’assaut, avait déjà pris de l’avance ; il l’attendait sur le petit terrain de foot du coin. Et en effet : c’est là, devant les yeux ébahis de quelques locaux, que le chanteur héliporté avait débarqué, avant de s’engouffrer dans sa très grosse voiture. Cinq minutes plus tard, le Hummer déboulait plein pot sur le site du festival, directement dans des « backstages » ultra sécurisés que même les organisateurs avaient dû déserter. Carhaix guettait Johnny, Carhaix n’avait rien vu... Il avait fallu attendre l’heure du concert pour que le chanteur apparaisse en vrai. Sous le ciel de la Bretagne, je le revois s’avancer. Portant beau. Puis tranquillement, du haut de sa scène en plein air, en plein champ, lancer de sa voix rauque : « J’adore cette salle ».  
Valérie Lehoux
Johnny, papa et moi
Bercy 1987. Une soirée père-fille, j’ai 10 ans et c’est mon deuxième concert. Je me souviens de la vidéo qui passait derrière Johnny pendant qu’il chantait Que je t’aime. Interdiction de la regarder. Beaucoup trop sexy pour mon papa vu l’âge de sa fille dont il masque les yeux avec ses grandes mains de kiné. On en rigole encore aujourd’hui. Je revois l’extrait du concert ce matin en me disant que mon père avait certainement raison... Il y aura d’autres concerts, d’autres chansons. Gabrielle et son « mourir d’amour enchaîné » qui nous fait croiser les poignets au-dessus de la tête de façon automatique et parfaitement synchronisée. Johnny c’est une foule de souvenirs père-fille, d’instants partagés au fil des albums. Et ce matin un coup de téléphone, pour savoir comment il va, lui, mon papa.
Carole Favier
Mi-King Kong, mi-Jésus
Je n’ai jamais compris l’amour de ma sœur pour Johnny. On n’avait pas les mêmes idoles. Pour son anniversaire, je lui avait quand même acheté deux places pour le concert du 27 novembre 2015 à Bercy. Sauf que, un mois après l’attentat du Bataclan, plus personne ne voulait l’accompagner. Obligée de me dévouer, par solidarité familiale. Et aussi, pour me prouver que je pouvais encore entrer dans une salle de concert. Alors, Johnny ou un autre… La fosse de Bercy se remplit tranquillement, coups d’œil involontaires vers les sortie de secours, la sécurité… Et tout d’un coup, un délire pyrotechnique explose, des têtes de morts lumineuses sourient de partout. Une forêt de bras se lève. A côté de moi, un biker de 70 ans se déhanche de façon inquiétante. Et la bête apparaît. Mi-King Kong, mi-Jésus. Un messie animal. Avec quelque chose de Robocop. Un truc immense. Quelques mots sobres pour Charlie Hebdo et le Bataclan, La Marseillaise entonnée par la foule… Et Gabrielle évidemment. Frissons partagés, fraternels. Complètement prise de court. Aujourd’hui, ma sœur est inconsolable. Et aujourd’hui, je la comprends.
Anne Dessuant
On n’avait jamais vu une chose pareille
Ce devait être en 1967. La télé était encore en noir et blanc. On ne l’avait pas depuis longtemps. Le gros poste était dans la chambre des parents. On se massait au pied du lit, sans un mot. On avait le droit de regarder Le Palmarès des Chansons, présenté par Guy Lux. Ce soir-là, il s’est passé un truc. La vedette de l’émission, qui enchaînait quatre ou cinq titres en direct à la fin, était un type survolté. On connaissait un peu Johnny, on avait un ou deux super-45-tours. Mes yeux sont fous… Là ce n’était plus seulement les yeux. Tout un corps déchaîné. Les cheveux blonds rendus blancs sur l’écran, le reste noir. Des contorsions, des mouvements lascifs, des cris. On n’avait jamais vu une chose pareille. Bête de scène, est-ce que ça se disait ? C’était sauvage, au-delà du musical, sans doute en-dessous, peut-être un peu au-dessus, ou à côté. On était médusé. C’était Johnny Hallyday. Aucun souvenir des titres qu’il a chantés ce soir-là. Mais la marque, oui. Une image, fugace, que par la suite on ne rattacherait plus à rien. Un flash. Dans le genre impressionnant, il y a eu dans les mêmes eaux Jacques Brel, avec une tout autre gestuelle. Qu’est-ce qu’ils avaient, ces Belges, à malmener ainsi la digestion des Français ?
François Gorin
Un Clint Eastwood français
1985. J’écoute les Stranglers, Cure, LKJ. Autant dire que Johnny n’est alors pour moi qu’un objet de sarcasmes. Et voilà que mon idole à moi, Godard, fait appel à lui. L’affiche Hallyday/Godard laisse pantois – pas de monstres sacrés a priori plus éloignés ! Mais comme toujours, le réalisateur du Mépris a du flair, il devine le potentiel du chanteur, il sait que ce dernier a grandi avec des rêves de cinéma, il veut aussi profiter du couple dans la vraie vie qu’Hallyday forme avec Nathalie Baye. Détective me fait voir autrement, pour la première fois, le chanteur. En homme las, désabusé, secrètement blessé, visage aiguisé, la voix chaude mais ralentie. Il a quelque chose d’un James Dean qui aurait vieilli ou d’un Eastwood français. Organisateur fauché de combats de boxe, il s’appelle Jim Fox Warner dans le film. Je me souviens en particulier de la scène de restaurant dans le grand hôtel, nappe blanche, lumière fauve, où la nostalgie maladive de Godard résonne à merveille grâce à celui qu’il a couvé, comme nul autre. « Je voulais courir le monde, confie Johnny. Et je suis parti un soir en hiver, de Dijon, c’était le dernier train pour Paris (…). Vous vous souvenez, avant le départ, il y avait toujours un mec qui longeait les wagons et qui tapait…? » « Oui, il tapait sur les essieux, on n’a jamais su exactement pourquoi » lui répond Claude Brasseur. Dans la foulée, Johnny reprend dans sa main, précieusement, amoureusement, le livre de Conrad, Lord Jim. Il explique en substance que c’est sa mère qui lui a un jour donné en lui disant qu’il pouvait, dans les moments graves de son existence, l’ouvrir au hasard pour y trouver des réponses. Mais, ajoute-t-il, il a toujours été fatalement interrompu par les autres, au moment de le lire. La scène est magnifique d’ironie et de mélancolie, en elle-même, et pour tout ce qu’elle suggère de la relation manquée, tendre mais à distance, de Johnny avec le monde des livres.
Jacques Morice
Comment j’ai raté Johnny en V.O.
Johnny et moi n’avons jamais vécu le grand amour. Il était là, à la radio, à la télévision mais je n’y portais pas spécialement attention. Seuls deux de ses chansons ont trouvé grâce à mes oreilles : Requiem pour un fou, sa tension, ses pizzicati et ses cordes morriconiennes ; et la version live de Ma gueule, pour les solos de guitare. A part ça pas grand chose. Peut-être était-ce pour tuer le père (confirme moi, Dr Freud). Car l’idole n’était pas vraiment celle des jeunes. La preuve : Johnny est le seul rocker que mon paternel ait jamais vu en concert… Pour moi, le rock était synonyme de langue anglaise. Mais avec le temps, et tous ces gens qui affirmaient que le bonhomme était une bête de scène, je me suis dit qu’il faudrait quand même que j’aille le voir au moins une fois. Ce fut donc à l’automne 1994, à la Cigale (Paris) lors d’une tournée en petites salles, où l’habitué des stades avait choisi de chanter en anglais. Accompagné de musiciens britanniques, Johnny a donc débarqué sur scène, déjà en sueur (comme d’habitude), et pas vraiment sobre. Regards furtifs sur un prompteur posé au sol, il a déballé un répertoire surtout composé de reprises (Hey Joe, Be Bop a Lula, Gimme Some Lovin’...). J’avais voulu la jouer malin. Je n’aurais pas dû. Il a beau incarner, pour beaucoup, l’Amérique, Johnny n’est jamais meilleur que quand il chante son rock en français.
Frédéric Péguillan
Le fantôme d’Hérouville
Johnny dans le réfectoire du château d’Hérouville, session de travail sur les chœurs avec l'équipe de Nanette Workman, en 1971.

Il y a quelques années, ​j’ai pu entrer dans les décombres d’un lieu légendaire, le défunt studio d’enregistrement d’Hérouville (depuis rénové et ré-ouvert). Installé dans un château près d’Auvers-sur-Oise, ce lieu rêvé par le compositeur de musiques de film Michel Magne eut, dès 1970, beaucoup de succès auprès des groupes de rock anglais et américains. Contrairement à ce qui se pratiquait ailleurs, les musiciens pouvaient y résider, et donc y enregistrer la nuit comme le jour. Un espace de liberté inouï pour l’époque. En déambulant dans les pièces du studio fermé depuis le début des années 80, je pensais croiser bien des fantômes, mais pas celui de Johnny Hallyday. Contrairement à David Bowie, à Elton John, Pink Floyd ou encore ​Cat Stevens, Johnny n’avait jamais enregistré au chateau d’Hérouville. Et pourtant, il y venait régulièrement, comme en attestent ​les photographies qu’avait bien voulu me montrer Marie-Claude Magne, l’épouse de Michel. Que venait faire Johnny à Hérouville ? Simplement passer ses journées de repos. Il s’asseyait dans la grande pièce où le chef Michel Moreau servait des repas de colosses (cuisine tricolore garantie 100% bon gras) et ​fumait des cigarettes à la chaîne en attendan​t qu’un musicien de Londres ou Los Angeles en résidence descende taper la causette avec lui – sans forcément savoir qui était ce frenchie un peu timide​... D’autres photos, en 1971, montrent le rocker français travaillant avec des choristes américaines - la belle équipe de Nanette Workman. Répétition dans le réfectoire d’Hérouville, tables poussées contre les murs pour faire de la place. La photo montre la joie simple qui peut réunir des musiciens travaillant à l’unisson. Johnny est assis. C’est un homme en « off », détendu,heureux de profiter du grand air de liberté d’Hérouville. Je trouve cette image émouvante, en ce sens qu’elle dit tout de la simplicité désarmante d’un musicien nommé Jean-Philippe Smet, bien plus connu sous le nom de Johnny.
Emmanuel Tellier
1985, mon année Johnny
1985, Strasbourg, un minuscule studio, Radio Nuée Bleue, créé deux ans plus tôt par les Dernières Nouvelles d’Alsace qui surfaient sur le mouvement des « radios libres ». Par quel improbable parcours Johnny se retrouve t-il devant un très jeune critique de cinéma pour parler de Détective de Godard à quelques centaines d’auditeurs ? A l’adolescence, j’ai bien sûr gueulé que j’étais né dans la rue pour emmerder mes parents, mais ça s’est arrêté là. Le « quoi ma gueule » des désolantes early eigthies de Johnny, très peu pour moi. J’ignore absolument qu’un air de Tennessee se trame… Arrive un type gentil, moins star que jamais, gauche, peut-être intimidé, qui répond poliment aux questions hasardeuses d’un journaliste qui n’assure pas une cacahuète question carrière de la star. La rencontre n’aura pas vraiment eu lieu. Pas davantage que quelques mois plus tard (ou plus tôt ? Mémoire défaillante ) sur le tournage de Conseil de Famille de Costa-Gavras : c’est Fanny Ardant que j’étais venu interviewer… Deux Johnny en un an, je ne l’ai jamais revu « en vrai ».
Vincent Rémy
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Message par Jean Mer 22 Jan - 16:01

Papa, maman, c’était qui Johnny ? L’idole des jeunes expliquée aux enfants

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Johnny Hallyday est mort et vos enfants observent le battage médiatique d’un air incrédule ? Nous avons concoté un “Johnny pour les nuls” pour vous accompagner dans ce clash des générations.
Ce mercredi 6 décembre, votre enfant s’est peut-être étonné de la tristesse qui vous a envahi lorsque vous avez appris la mort de Johnny Hallyday. Ou s’est interrogé sur la place que l’annonce de cette disparition prenait dans les conversations des adultes et dans les médias. Quoi qu’il en soit, il serait peut-être bon de lui expliquer qui était Johnny, et ce qu’il représentait dans l’imaginaire collectif français. Voici quelques éléments pour l’aider à mieux comprendre.
Un chanteur qui a accompagné plusieurs générations de Français
C’est par un communiqué de l’Elysée que l’on a appris qu’un grand hommage populaire serait rendu à Johnny Hallyday samedi 9 décembre : un convoi funéraire descendra les Champs-Elysées (comme pour Victor Hugo !) et une messe sera célébrée en l’église de la Madeleine, lors de laquelle le président de la République, Emmanuel Macron, prendra la parole. Un dispositif exceptionnel, mais pas étonnant si l’on considère que Johnny Hallyday était déjà qualifié de « monument national » avant sa mort. Il faut dire que le chanteur a commencé sa carrière en pleine vague yéyé, comme on appelait ce courant de musique populaire du début des années 1960, très inspiré par le rock des pionniers américains qui faisait rêver les jeunes de l’époque. Et qu’en près de six décennies Johnny a su traverser tous les courants musicaux, tout en gardant une fidélité au rock et au blues. Que je t’aime, Le Pénitencier, Allumer le feu, Marie, Gabrielle… Quel Français aujourd’hui ne pourrait fredonner les paroles d’au moins l’une de ses chansons ?

Une carrière prolifique et de nombreux succès commerciaux
Cinquante albums studio, et près de trente enregistrements de concerts ! Depuis son premier tube, Souvenirs, souvenirs, en 1960, on estime que Johnny a vendu 110 millions d’albums. Ce serait un peu plus que les artistes américains Justin Bieber ou Britney Spears, sauf que Johnny ne s’est pas beaucoup exporté en dehors de la France... Autres chiffres impressionnants : en 3 257 concerts, il aurait rencontré 28 millions de spectateurs. En 2000, il joua ainsi devant 500 000 personnes au pied de la tour Eiffel. Neuf ans plus tard, au même endroit, la foule était encore plus nombreuse : 700 000 personnes, selon la préfecture de Paris.

Une voix reconnaissable entre toutes et une bête de scène
Johnny, c’était un visage, une « gueule », mais avant tout une voix énorme. Il suffit de se replonger dans les nombreux concerts disponibles sur le Web pour s’en convaincre. Il savait mieux que personne électriser une salle, voire un stade tout entier, avec son timbre de voix rocailleux et sa gestuelle survitaminée. Peu nombreux sont les artistes qui peuvent se vanter d’avoir autant enflammé Bercy, le Zénith ou le Parc des Princes. Et puis surtout, Johnny, c’était le showman ultime. Au Palais des sports en 1982, il arrive sur scène grimé en Mad Max. En 1993, c’est en fendant une foule complètement hystérique qu’il entame sa performance au Parc des Princes. Au Stade de France en 1998, il débarque en hélicoptère !

Un musicien qui a travaillé avec de nombreux artistes
S’il a écrit plus d’une centaine de titres, Johnny Hallyday a surtout su bien s’entourer tout au long de sa carrière. Qu’ils soient paroliers ou musiciens, il a collaboré avec des artistes de toutes les générations. Dans les années 1980, il fit par exemple appel à Daniel Balavoine, qui lui composa Je ne suis pas un héros. Ou encore à Michel Berger, auteur de Quelque chose de Tennessee. Plus récemment, certains de ses titres sont signés Yodelice, Zazie, Grand Corps Malade ou encore Matthieu Chedid. Entre collaboration professionnelle et amitié, la frontière est mince. En 2014, Johnny Hallyday retrouve Jacques Dutronc et Eddy Mitchell, d’autres monuments de la chanson avec qui il est ami de longue date. Les Vieilles Canailles, nom de leur formation éphémère, se produiront six fois sur scène.

Une vie médiatique hors du commun
Si Johnny a traversé soixante ans de la vie des Français, c’est aussi parce que les médias étaient là pour en parler. Il est né à la télé : sa première apparition sur le petit écran date de 1960, où, à tout juste 17 ans, il présente le rock’n’roll à la France. Dès lors, plus personne ne le lâche. Chansons multidiffusées à la radio (il participe à l’essor des toutes jeunes Europe n°1 et RTL), vie privée étalée dans les magazines (dont Paris Match ou Salut les copains)… sans compter la télé, donc, où Johnny est mis à toutes les sauces, entre concerts en direct, pubs pour des opticiens et moqueries dans les émissions comiques. C’est d’ailleurs dans Les Guignols de l’info que toute une génération le découvre, imprimant à jamais une image de monument intouchable, mais accessible et sympathique. Malgré cette omniprésence, les apparitions de Johnny restaient tout de même des événements. Un bon client à l’aura unique, et irremplaçable, finalement. Pas étonnant que sa disparition provoque un tel séisme. Même disparu, on n’a pas fini d’entendre et de voir Johnny partout.
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Message par Jean Mer 22 Jan - 16:11

Johnny Hallyday est mort : sa carrière racontée en dix disques

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Johnny Hallyday sur la scène de l'Olympia en 1962

Depuis son premier album enregistré en 1961, Johnny Hallyday en a enregistré quarante-neuf autres. Voici les dix qui comptent le plus.
Parce qu’ils furent de gros succès, ou de terribles flops, parce qu’ils marquèrent un tournant dans sa carrière, ou des tentatives avortées d’évolution artistique, ces dix disques ont compté dans le parcours de Johnny Hallyday, l’homme aux cinquante albums studio...
“Johnny, reviens ! Les rocks les plus terribles” (1964)
Des classiques du rock’n’roll (Johnny B Goode, Roll over Beethoven, Lucille...) adaptés en français. Pour les exégètes en johnnyologie, c’est de loin l’un de ses albums les plus réussis. La première pierre angulaire portée à l’édification d’une très imposante discographie (cinquante albums studio !). La plupart des adaptations sont ici signées d’une jeune femme, Manou Roblin, qui n’avait alors que... 20 ans, mais dont le travail a été unanimement salué.

“Rivière... ouvre ton lit” (1969)
Enregistré en partie à Londres, dans un esprit blues rock et psyché, ce douxième album studio contient plusieurs classiques de Johnny, dont l’inénarable Je suis né dans la rue, qui va contribuer à forger sa légende : « Je n’ai pas eu de père pour me faire rentrer le soir / Et bien souvent ma mère travaillait pendant la nuit / Je jouais de la guitare assis sur le trottoir / Le cœur comme une pierre je commençais ma vie / Parce que je suis né dans la rue. » La réalité y est à peine déformée.

“Vie” (1970)
Qui a dit que Johnny n’était pas un chanteur engagé, et qu’il avait attendu les attentats de 2015 pour chanter, sous la plume de Jeanne Cherhal, des textes concernés par l’actualité ? Dès l’aube des seventies, avec la complicité active de Philippe Labro – qui deviendra un de ses amis, et de ses auteurs –, il s’empare de thèmes d’actualité comme la pollution, le péril nucléaire ou la guerre du Vietnam. Un brin provocateur, Johnny rugit : « S’il existait encore aujourd’hui, Jésus-Christ serait un hippie. »

“Insolitudes” (1973)
Porté principalement par un auteur, Michel Mallory, et sur des compositions de Johnny himself (comme souvent à l’époque), l’album recèle ce qui deviendra l’un de ses plus grands tubes, à défaut d’être le plus subtil : La musique que j’aime. Au passage, le rockeur made in France s’offre une reprise de Suspicious minds (rebaptisé Soupçons), popularisé avant lui par Elvis.

“Derrière l’amour” (1976)
Après une longue série de reprises, Johnny renoue avec un répertoire en grande partie original et un son plus européen. Sans doute l’arrivée d’un nouveau directeur artistique, Jacques Revaux, n’y est-il pas pour rien. En tout cas, grand bien lui a pris : Les Chiens de paille (inspiré du film de Peckinpah), Gabrielle (qui, depuis, figure à peu près dans tous ses concerts) et Requiem pour un fou (étonnant de dramaturgie) marquent les esprits. L’album est l’une de ses meilleures ventes de la décennie.

“Hamlet” (1976)
Alors que Derrière l’amour trône encore en tête des ventes, Johnny sort  cet improbable album concept, opéra rock inspiré de la pièce de Shakespeare. Cent cinquante musiciens et choristes participent à l’aventure... et au naufrage collectif. Très éloigné de son image, et visiblemement des préoccupations de son public, le chanteur enregistre en effet un bide retentissant. Résultat : le disque est désormais archi collector.

“Entre violence et violon” (1983)
De retour dans un studio de Nashville, et faisant appel à plusieurs auteurs inattendus et plutôt cotés comme Bernard Lavilliers, Eddie Mitchell, Bill Deraime ou Mort Shuman, Johnny s’offre un disque élégant, plus posé que la flopée d’albums qu’il a sortis précédemment. La pochette en noir et blanc, signée Mondino, peaufine sa nouvelle image d’homme mûr. Il se prépare pour la grande mue.

“Rock’n’roll attitude” (1985)
« Le » disque du tournant. Pour la première fois, Johnny est confié à un seul auteur et compositeur, a priori pourtant éloigné de lui : Michel Berger. Mais les deux hommes s’entendent bien et Johnny joue le jeu du chanteur sensible, un peu meurtri. Quelque chose de Tennessee devient l’un de ses plus gros cartons et lui ouvre un nouveau public, jusqu’ici peu sensible à... son attitude rock’n’roll. Le Chanteur abandonné enfonce le clou : désormais, Johnny joue sur la corde sensible.

“Gang” (1986)
Il ne sera pas dit que Michel Berger sera le seul à signer le retour en force de Johnny : Jean-Jacques Goldman s’y met l’année suivante, et lui concocte à son tour un album entier. Le quasi psychanalytique L’Envie, ou le tendre et paternel Laura, finissent de dévoiler un Johnny aux failles assumées, bien plus humain que Robocop — contrairement à ce que certaines prestations et costumes scéniques laisseraient penser.

“Sang pour sang” (1999)
Une histoire de famille qui se termine bien : pour la première fois, Johnny confie la composition et la coréalisation de son disque à son fils David (dont cela reste la plus belle réussite professionnelle). Des auteurs aussi divers que Miossec, Zazie (qui a déjà écrit Allumer le feu en 1997), Françoise Sagan, Vincent Ravalec, ou les vieux compères Labro et Mallory, s’attellent aux textes. Gros succès populaire, Sang pour sang décroche la Victoire du meilleur album de l’année.
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Message par Jean Jeu 23 Jan - 5:50

Adieu, Johnny, on avait fini par te croire immortel...

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Johnny Hallyday dans le documentaire Johnny Hallyday: J'ai tout donné de François Reichenbach en 1971

Bête de scène, bête de vie, Johnny Hallyday avait survécu à tous les excès, à toutes les modes. Le cancer dont il souffrait a eu raison de lui. Il est mort dans la nuit de mardi à mercredi. Il avait 74 ans.
On avait fini par le croire immortel. Depuis ces journées de décembre 2009, où le pays entier était suspendu à son état de santé. Johnny dans le coma, au centre Cedars-Sinai de Los Angeles. Et la France en plein drame médiatico-chirurgical, avec au centre du motif un certain docteur Delajoux, qui l’avait opéré quelques jours plus tôt d’une hernie discale (un médecin aura-t-il été déjà plus cité dans les journaux télé ?). Pendant plusieurs semaines, on n’avait plus parlé que de cela. Puis Johnny s’était sorti de ce mauvais pas. Encore une fois. Il avait quitté l’hôpital à la veille de Noël. Etait réapparu sur scène un an plus tard. Revenu de tout, des excès, des modes, des défis scéniques aux allures de jeux du cirque. De la fatigue et des pépins de santé. Au passage, on avait appris que quelques mois plus tôt, il avait subi une intervention pour un cancer du côlon. Soigné vite fait bien fait. L’homme était d’acier.
Bête de scène. Bête de vie. Pas si bête qu’on l’a dit. Johnny n’avait pas fait d’études, autres que celles du spectacle, mais son instinct était aigu. Il avait longtemps caché sa jeunesse chahutée, car dans les années 60 qui le virent émerger, elle n’avait rien de glamour – un père qui l’avait abandonné, une mère qui ne pouvait pas s’en occuper, des cousines danseuses qui l’avaient fait entrer, très jeune, dans le monde des enfants de la balle. Il avait même sciemment menti sur ses origines, se prétendant sans rire « américain » : au début de la vague yéyé, c’est l’Amérique et elle seule qui faisait fantasmer. Et qui délivrait les brevets de rock’n roll. A l’époque déjà, Johnny impressionnait par sa présence, son charme, sa voix et son déhanché. Il n’était pourtant qu’une pâle copie du géant Elvis, se contentant de chanter pour l’essentiel des adaptations de succès d’outre-Atlantique.
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Johnny Hallyday en concert au Palais des Sports à Paris le 29 avril 1969


Du chanteur à minettes en un monument national

Il aura fallu du temps, du flair, et forcément du talent, pour que le chanteur à minettes se mue en un monument national, frappé certes d’une certaine beaufitude (après tout, on est tous le beauf de quelqu’un), mais courtisé par les intellos à partir du milieu des années 80, attirés à la fois par son charisme animal, sa force brute de décoffrage, et cette imprenable part de mystère qui pouvait tout laisser supposer. Y compris la profondeur d’un homme qui savait chanter avec conviction les brûlures de Tennessee Williams et la solitude du chanteur abandonné (grâce à Michel Berger, auteur et compositeur de tout un album en 1986). Ou l’amour paternel pour Laura, sa fille, et son envie de vivre, émoussée au fil des années (sous l’agide de Goldman, successeur de Berger en 1986). Des chansons, comme des tournants.
Ce ne fut pas le moindre de ses mérites : Johnny sut manier tour à tour l’art du rebond, puis celui de la course de fond. Après des années 70 en demie-teinte, il sera parvenu à se maintenir aux sommets (français) de la notoriété sans jamais renier la musique qu’il aimait. Et en soixante années, il en sera passé, des courants musicaux ! Johnny, lui, sera resté. C’est même à peine croyable : en dépit de prises de positions polémiques qui auraient pu lui aliéner une partie de son public (sa tentation avouée de s’engager dans l’armée israélienne en 1967, son soutien à Nicolas Sarkozy en 2007) ; en dépit de péchés publicitaires pas franchement sexy (Legal le goût, Optic 2000) ; en dépit, surtout, de quelques chansons atteignant des records de crétinerie (Je lis, par exemple), qui auraient pu cramer à jamais sa crédibilité, sa carrière n’aura cessé de prendre de l’épaisseur. Comme si sur ce colosse-là, tout glissait. Et sans doute cela le rendait-il encore plus fascinant.
Pour les cinéastes, c’est une quasi certitude : Godard, Costa-Gavras, Laetitia Masson, Patrice Leconte, ou le hongkongais Johnnie To, entre autres, l’avaient choisi pour leurs film. Pour les auteurs, aussi, sans doute : en lui consacrant un portrait fleuve dans Le Monde, en 1998, et en revenant longuement sur l’enfance blessée et méconnue du chanteur, Daniel Rondeau lui avait taillé un costume envié de héros romanesque. Pas étonnant qu’ensuite, les (plus ou moins) jeunes talents de la scène française se soient poussés du coude pour lui écrire des chansons : Matthieu Chedid, Zazie, Miossec, Vincent Delerm ou Jeanne Cherhal y étaient parvenus, et ils en étaient fiers. Se disant tous impressionnés d’entendre leurs mots ou leurs musiques portés par cette voix-là, qui ne perdait rien de sa puissance, et était entrée depuis si longtemps dans les foyers français.
Il fallait bien un jour que l’histoire se referme. En 1981, l’AFP avait annoncé la mort de Johnny Hallyday… Il était en vacances, il avait démenti. En 2017, face aux rumeurs plus que persistantes de cancer, il avait dû confirmer, sans pour autant baisser les bras. Quelques semaines plus tard, il avait fait mentir les Cassandre du showbiz en montant sur scène aux côtés d’Eddy Mitchell et de Jacques Dutronc, pour jouer avec eux les « Vieilles Canailles ». Et qu’on l’ait aimé ou pas, il faut bien reconnaître qu’il avait été le plus impressionnant des trois.
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Message par Jean Jeu 23 Jan - 5:57

Johnny Hallyday, la dernière idole

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Johnny Hallyday en concert à l'Olympia de Paris le 18 octobre 1966


Passé de chanteur populaire à mythe national, maintes fois ressuscité d'une vie d'excès en tous genres, l'indestructible Johnny Hallyday aura écrit sa légende sans jamais renier son image de rockeur biker, dont il savait aussi s'amuser. Le chanteur est mort à l'age de 74 ans.
Mais pourquoi lui ? Pourquoi une telle aura, une histoire si exceptionnelle ? Qu’on ait ou non cédé à l’admiration, on ne peut, à vrai dire, que s’incliner : au terme de près de soixante ans de carrière, l’homme aura réussi à fédérer dans ses rangs aussi bien les plus modestes que les puissants, hommes politiques ou représentants de l’intelligentsia – gens des lettres, des arts et du cinéma. Tous, ou presque, à leur façon, auront adoré l’icône. Et tous auront contribué à la façonner, à la rendre intouchable. Depuis quelques années, même les plus moqueurs n’osaient plus vraiment rire des attributs du chanteur, le perfecto Mad Max, la Harley Davidson ou le Hummer ostentatoire, sans parler de ses petits péchés publicitaires – l’inénarrable Optic 2000, entre autres… En rire, c’eût été s’attaquer à un patrimoine presque sacré ; voire à cette « identité nationale » dont on s’évertue tant à définir les contours. D’ailleurs au fond, elle pourrait prendre les traits de Johnny, chanteur populaire devenu mythe national au mitan des années 80 – et dont l’aura n’aura guère dépassé les frontières hexagonales. « Il ne traverse pas que les âges, il traverse aussi les couches socio-culturelles », soulignait le publicitaire Jacques Séguéla à l’occasion des 60 ans de l’idole . Qui, à part Piaf, pouvait se targuer d’une si large reconnaissance ?
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Message par Mounette Jeu 23 Jan - 6:00

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Message par Jean Jeu 23 Jan - 6:03

Mort de Johnny Hallyday : les chaînes bouleversent leurs programmes

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Johnny Hallyday : tournage en avril 2017 du documentaire inédit Johnny Hallyday, la France rock'n’roll, diffusé sur France 2 le jeudi 7 décembre à 20h55.


Suite à la mort de l’icône, dans la nuit du 5 au 6 décembre, les chaînes bousculent leur grille pour lui rendre hommage.
Sur France 2

Jeudi 7 decembre à 20h55 : le documentaire inédit signé Jean-Christophe Rosé, Johnny Hallyday, la France rock’n’roll, prend la place de la soirée spéciale Syrie. Les documentaires Bachar el-Assad, le pouvoir ou la mort et Syrie, le cri étouffé (visible sur Télérama.fr) sont reprogrammés mardi 12 décembre, à partir de 20h55.

Sur Arte

Vendredi 8 décembre à 22h30 : Personne ne bouge !, Spéciale Johnny Hallyday.

Mercredi 13 décembre à 20h55 : Conseil de famille, de Costa-Gavras.
Notre critique blush : C'est une famille sympathique et unie. La maman en est l'âme. Femme au foyer et muse, elle comprend parfaitement son mari, qu'elle assiste de son mieux. Au début de l'aventure, il sort de prison. C'est la fête au logis. Les deux petits enfants (Martine et François) et leur parrain (Faucon) célèbrent ces émou­vantes retrouvailles. Le métier de chef de famille (perceur de coffres-forts) est caché aux enfants, qui sont élevés selon les lois de la morale la plus conventionnelle. Mais François, malin, comprend vite et veut, lui aussi, participer aux cambriolages avec papa et parrain… Costa-Gavras, le cinéaste ­engagé qui a su concilier cinéma d'auteur et spectacle populaire, a bien raison de s'ébrouer un peu, loin des problèmes, des injustices sociales et des casse-tête politiques. Il ne persifle même pas : il s'amuse et nous invite à jouer avec lui aux gendarmes et aux voleurs. C'est un entracte bien agréable dans sa filmographie. De plus, aucun des acteurs n'a l'air de se prendre au sérieux, d'où une impression de légèreté et de bien-être très communicative.
Mercredi 13 décembre à 22h35 : Détective, signé Jean-Luc Godard.
Notre critique surprise : Détective est un film désespéré, crépusculaire, le flux haché des strophes d'un poème d'amour dont on sent tout de suite qu'il va mal finir. Jim, avec son trouble passé d'homme d'affaires louche, Emile, le prêteur sans gages marron, et Françoise, la petite-bourgeoise insatisfaite en faillite de sentiments, pataugent dans leur purgatoire existentiel avec un unique dernier espoir : ne pas agoniser trop seul dans cette grande ville maudite. Poète tragique, Godard compose l'une des symphonies d'images d'avant-garde dont il a le secret. Passion des citations, goût des facéties et jeux de mots, montage saccadé, clin d'oeil au cinéma d'antan : tel est son style, grandiose. Les hommes titubent, groggy, les femmes attirent et désolent ; le cinéaste leur peint des scènes d'amour rythmées comme des combats de boxe (« Sa gauche est sur ma tête et sa droite m'enlace »). Voilà un cinéma inconfortable, dérangeant, fascinant.
Sur France 3
Samedi 9 décembre à 13h30 :  Les grands du rire, spécial Johnny inédit.
Dimanche 10 décembre à partir de 13h30 :  un après-midi Johnny avec deux documentaires : Johnny, film écrit par Philippe Thuillier et Thierry Lecamp et Hallyday, Mitchell, Dutronc : un trio de légende, écrit par Mireille Dumas.
Notre critique de Hallyday, Mitchell, Dutronc : un trio de légende blush : Ils n'aimaient pas leur nom, mais adoraient les Etats-Unis. Du coup, Jean-Philippe et Claude se sont appelés Johnny et Eddy, avant de se lier à un troisième larron, rencontré au square de la Trinité, à Paris : un guitariste binoclard nommé Jacques Dutronc. Plus de cinquante ans après leurs quatre cents coups, les trois potes se retrouvaient à Bercy en novembre 2014 pour un concert de vétérans — rebaptisés pour l'occasion « Les Vieilles Canailles » — et se voyaient honorés par Mireille Dumas d'un gentil film à base d'anecdotes et d'archives aux petits oignons. L'incontournable Jean-Marie Périer raconte l'épopée turbulente des gamins du Golf-Drouot, rejoint par le chanteur Alain Chamfort ou le journaliste Bertrand Dicale, dans un portrait de groupe conçu pour faire frétiller notre fibre nostalgique. Hormis une digression un peu longuette et complaisante sur la vie privée de la triplette (la fameuse touche Mireille Dumas), le film retrace assez fidèlement leurs parcours — Johnny, l'enfant de la balle ; Eddy, le discret ; Jacques, le minet désinvolte — et souligne les ravages de la célébrité chez ces musiciens-acteurs, ex-idoles des jeunes, trois éternels copains en quête de salut.
Sur W9
Jeudi 7 décembre : l’intégralité des programmes musicaux de la chaîne sont consacrés aux clips de l’icône.


Sur Paris Première

Samedi 9 décembre, à partir de 14h35 : quatre émissions sont diffusées à l’occasion d’un après-midi spécial Johnny.
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Message par Jean Jeu 23 Jan - 6:36

Johnny Hallyday, l’idole des chaînes

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Image issue du scopitone du premier succès de Johnny Hallyday, Laisse les filles, qu’il a chanté la première fois dans “L’école des vedettes”.

Johnny est né à la télé, le 18 avril 1960. Depuis, son image est restée happée par le petit écran. Vie publique, privée, bêtisiers… revue d’une vie passée à la télé.

Johnny partout, tout le temps, sur tous les écrans. Le chanteur, mort le mercredi 6 décembre 2017 à 74 ans, a squatté la télévision depuis les débuts de sa carrière jusqu’à plus soif : rubrique culture à chaque sortie d’album ou de film, rubrique santé (de la pose d’une hanche artificielle au suivi du cancer qui a fini par l’emporter), minute people pour ses cinq mariages, voire rubrique politique (pour ses soutiens à Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy), sans compter les bêtisiers. Passage en revue de quelques images qui resteront gravées dans la mémoire collective.
1960, et la France découvre Johnny (et le rock)
Du haut de ses 17 ans, Johnny Hallyday fait sa première apparition télévisuelle sous son nom de scène (il avait auparavant fait de la figuration dans une pub pour vêtements). Parrainé par Line Renaud, le jeune rockeur vient chanter, dans l’émission L’école des vedettes, Laisse les filles, son premier succès.

Si Line Renaud donne un peu dans la fake news — Hallyday serait, selon elle, son vrai nom hérité d’un père américain(1) —, la séquence crée la légende : c’est la première fois que le rock’n’roll apparaît à la télévision française, tout comme le fameux déhanché, que le pas très loquace Johnny a entièrement repompé à Elvis Presley. Deux ans plus tard, il récupère aussi la danse mashed potatoes, qu’il présente aussi à la télé.

(1) Son père, Léon Smet, était belge. Halliday, sans Y, était en revanche le nom de son mentor, qui, le premier, l’avait appelé Johnny.
Monsieur Hallyday et sergent Smet
John Lennon a dit qu’Elvis est mort lorsqu’il est entré à l’armée. En France, c’est la carrière de Johnny qui a failli ne pas se relever de son service militaire, effectué entre 1964 et 1965 auprès du 65 RBIM.
Largement couverte par la presse et la télé de l’époque, la conscription du sergent Smet fait l’objet d’un documentaire, qui sert aussi bien la com de l’armée – toujours heureuse de voir des vedettes donner une image glamour aux corvées de récurage – que celle de Johnny, que l’on voit bon petit chef, bon soldat, bon tireur, bon balayeur, bon camarade de chambrée et bon amoureux – les photos de Sylvie Vartan décorent ses murs. Mais, au retour de son service, la carrière de Johnny a quelque peu stagné.



Carnet blanc, carnet rose

La presse people et Johnny, une histoire d’amour aussi tumultueuse que ses mariages. Les caméras ont également accompagné toute sa carrière amoureuse : son premier mariage avec Sylvie Vartan – où, selon le commentaire de l’ORTF, elle a « manqué périr » dans une foule compacte de curieux et de journalistes –, la naissance de son premier enfant, David ; son remariage avec Sylvie, celui avec Nathalie Baye, la naissance de sa fille Laura Smet, son mariage avec Adeline Blondiau, son redivorce, puis sa nouvelle union avec Læticia Boudou (devant Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly). Au passage, on remarquera que le chanteur Carlos est présent à toutes ces fêtes.

Ah que Johnny et l’humour

Johnny Hallyday, une popularité, une voix, un phrasé et une manière originale de voir la vie... soit autant de possibilités de s’en moquer. Evidemment, la marionnette des Guignols de l’info, apparue dès les débuts de l’émission, est la caricature la plus connue de toutes, et la plus drôle aussi, car elle concentre des gimmicks simples mais efficaces : cuir sur le dos, phrases qui commencent toutes par « Ah que », rires tonnants, lapsus, et fameuse « boîte à coucou », idée comique complètement absurde. Mais tellement drôle :


Les parents s’en délectent, les jeunes générations aussi. Pour le chanteur, en revanche, c’est une autre affaire : « C’est un peu dur de s’entendre traiter d’abruti », témoigne-t-il face à Anne Sinclair dans 7/7 en 1991, expliquant aussi que sa fille Laura se bagarre à l’école « pour défendre son père ». Il a la rancune tenace : en 2008, il qualifie encore de « lourde » sa marionnette.

Pourtant, il a pu se venger. Outre la légende qui veut que ses gardes du corps aient corrigé Yves Lecoq (qui n’avait pas attendu les Guignols pour l’imiter, comme ici chez Maritie et Gilbert Carpentier), Johnny s’est retrouvé face à son double en latex sur le plateau de Nulle part ailleurs. Et lui a coupé le nez. Alors que ce n’était pas le pire.

Mais finalement, Johnny n’avait besoin de personne pour faire rire. Il le faisait très bien tout seul, parfois à ses dépens. Quand il mentionne son retard au Dakar de 2002 :

...Quand il parle de son joueur de football préféré « Zazie » :


...Ou quand il évoque sa marque de lunettes préférée (comment ça, ce n’était pas une blague ?)

Johnny et la santé
Problème de hanche, hospitalisation à Los Angeles, rumeurs sur sa mort... la santé de l’idole plus toute jeune fut un marronnier des journaux télévisés ces trente dernières années. Jusqu’à ce cancer, évoqué sur le plateau du 20 heures de TF1, en juin dernier, six mois, finalement, avant que celui-ci ne l’emporte : « Je me bats et j’espère bien m’en sortir », déclarait-il. Comme lui, on y croyait, tant son image était imprimée dans nos rétines.

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