Le Point

Sa nouvelle tournée s’appelle « Rester vivant ». Et pour ceux qui en doutaient, il suffit de parcourir l’interview que la rock star accorde cette semaine à Paris Match pour s’en convaincre : Johnny Hallyday est plus en forme que jamais. Son dernier album s’est écoulé à près de 500 000 exemplaires, et il a vendu plus de 600 000 places de sa tournée, qui débute cet été dans plusieurs villes de France. « À part moi, il ne reste plus grand monde », estime le chanteur quand il fait le tour des rockers du moment. Et Dick Rivers ? « Soyons sérieux », répond Johnny sans prendre de gants. « Eddy Mitchell ne veut plus faire de scène, Téléphone n’existe plus... Qui remplit les grandes salles ? Indochine, Matthieu Chedid qui fait de la pop. Et voilà, on a fait le tour... Le goût du public n’est pas toujours celui des radios, qui passent des trucs sans intérêt... » Les confrères apprécieront.

Le chanteur, un brin nostalgique, estime qu’il « n’y a plus de stars en France ». « La grande époque des Gabin, Bébel, Delon, paraît loin, juge-t-il dans Paris Match. On met tout le monde dans le même panier. Quand je vois que certaines starlettes sont mises au même niveau que Catherine Deneuve, je ne comprends pas. Elles ont fait quoi, ces filles, pour être là, sur la photo ? » Et vlan pour Nabilla, qui s’était prise de bec avec Deneuve récemment. Johnny poursuit en fustigeant cette télé-réalité qu’il n’apprécie guère. « Cela a donné une mauvaise image des gens qui ont du talent. C’est d’ailleurs pour cela que je ne participe plus aux Enfoirés. Il y a trop de gens qui n’y ont pas leur place. Je me sentirais mal à l’aise de chanter en duo avec un mannequin quelconque. »

Le rocker estime qu’il n’est fâché avec personne en particulier, même s’il évite désormais de passer du temps avec certains qui l’ennuient... comme Michel Sardou, avec lequel il a eu quelques échanges musclés, par voie de presse. « Michel, finalement, aujourd’hui, je me fous de lui. À une époque, c’était un type drôle et spirituel, maintenant, il n’est plus marrant du tout, il veut trop donner des leçons à tout le monde, il dîne à 19 heures, se couche à 20 h 30. Ce n’est pas ma vie. »

Même s’il réside la moitié de l’année aux États-Unis, il dit toujours aimer la France, et tient à préciser qu’il paie ses impôts sur chaque tournée effectuée dans l’Hexagone. Il s’agace pourtant d’un certain ressentiment dans notre pays vis-à-vis de ceux qui ont réussi leur vie et possèdent des biens. « Dans les années 1970, les gens n’étaient pas méprisants face à quelqu’un qui avait de l’argent ou une belle voiture. Récemment, je me suis acheté une Rolls. Si je la conduisais à Paris, je sais que je me la ferais rayer. Je ne comprends pas cette mentalité. Pourquoi y a-t-il plus de jalousie aujourd’hui qu’il y a trente ans ? »

Pas question pour autant de commenter de nouveau la politique française, comme il l’a déjà fait plusieurs fois. En novembre dernier, Johnny s’était ainsi dit « déçu » par Nicolas Sarkozy, dans nos colonnes. « J’ai dit trop de conneries qui se sont retournées contre moi, estime-t-il. Cela m’a renvoyé à ce que je suis : un musicien qui n’est pas armé pour parler de politique. On ne demande pas aux hommes politiques de venir chanter sur scène. Si chacun est à sa place, c’est bien mieux comme ça. »

Sa place ? Monter sur scène, encore et toujours. « Tu m’imagines aller planter des carottes dans le jardin ? » Et pourquoi pas durer comme Aznavour, jusqu’à 90 ans... « La vie est tellement ennuyeuse, juge-t-il dans Paris Match. Alors, j’ai décidé de m’amuser. Et depuis mon problème de santé en 2009, j’en profite plus. Je n’ai plus de comptes à rendre. Si certains ne sont pas d’accord avec moi, je n’en ai rien à foutre ! » On avait compris.