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    Jean
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    Message par Jean Jeu 19 Mai - 5:32

    Yves Gallot, roi des marcheurs
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    Paris, 1895. Le plus grand exploit d’Yves Gallot (à droite, avec fusil et drapeau) : 62 fois le tour de Paris, soit 2 421 km en 31 jours ! (Bibliothèque nationale de France.)

    EXPLOIT. A la fin du XIXe siècle, Yves Gallot est la star de ce sport en pleine vogue, la randonnée. Il a tout appris chez les… Sioux.
    Cette fois, le « roi des marcheurs » a été un brin présomptueux. Défier un cheval ? Allons donc, il n’y a que lui pour se lancer dans un pari aussi fou ! Sacré Gallot : même avec un nom pareil, il n’a aucune chance contre la monture du capitaine Cody, cousin du légendaire Buffalo Bill. Sur la place du Champ-de-Mars, la foule ne veut rien manquer de son duel : qui de « l’homme-vapeur » ou de l’animal parcourra la plus grande distance en 50 heures de marche ? A l’aube du 2 e jour, le 10 février 1894, le cheval a déjà une belle avance, mais Yves Gallot s’accroche. Pour se donner du courage, il chante à tue-tête des refrains militaires, entonne les succès de caf’conc’. A la 50 e heure, Cody a parcouru 259 km en usant deux bêtes. Gallot, 246, en ne martyrisant que ses mollets. Mais c’est lui que les milliers de spectateurs acclament en héros. A 31 ans, le titi de Barbès a une nouvelle fois prouvé son incroyable endurance. Et fait le show avec son impayable dégaine : casquette sur la tête, pantalon bouclé jusqu’au genou, ainsi qu’un fusil surmonté d’un drapeau tricolore. Le « patriote » l’assure aux journalistes qui l’assaillent : « je ne marche guère sans mon fusil et mon sac, bien garni ! Ça, c’est une habitude de trappeur, contractée en Amérique. C’est là que j’ai appris à marcher… »
    Et le voilà reparti pour un tour, à raconter, comme il l’écrira dans ses « souvenirs » quinze ans plus tard, son périple de dix ans aux Etats-Unis. Battu comme plâtre par ses parents, parfois séquestré, Yves, 17 ans, avait pris — et à pied déjà — la route du Havre. En 1881, il embarque sur un trois-mâts pour New York. Marchand de journaux, colporteur, il s’essaie à tous les petits métiers avant de partir à l’aventure. Faute d’argent, c’est à pied qu’il explore le Nouveau Monde « traversé deux fois de part en part ». Le Frenchie moustachu remonte vers le Nord-Ouest encore sauvage, file au Canada. Dans les grandes plaines du lac Winnipeg, il se lie d’amitié avec César, un Sioux, avec qui il court les bois et traque le gibier. « Mes amis avaient une endurance, une vitesse, une souplesse extraordinaire. Le pas rapide, long et rasant le sol… César fut mon maître ès marches : il m’apprit tout ce que je sais », confiera-t-il après.

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

    (Bibliotheque nationale de France.)


    Auprès des Indiens, sa vocation est née : Yves monnayera son talent. Il organise ses premiers défis pédestres à Montréal, et gagne assez pour s’offrir le bateau retour vers l’Europe. A Paris, il se fait vite un nom dans les gazettes sportives qui se régalent de sa faconde et de l’allonge féline de son pas. « Une force irrésistible m’y pousse », répond le Forrest Gump de la Belle Epoque quand on lui demande ce qui le fait marcher. En 1895, il réalise son plus bel exploit : 62 fois le tour de Paris, soit 2 421 km bouclés en 31 jours, et des haltes toutes les six heures. En octobre 1903, il participe à Bordeaux-Paris, ne s’arrête plus. Mais en 1929, à 66 ans, les jambes ne suivent plus… comme la presse. « Ah, ça m’a fait de la peine d’être si vite oublié des Parisiens qui m’ont tant fêté », soupire le veuf. Il survit désormais grâce à un job de veilleur de nuit à Asnières. Paralysé après une chute, il s’éteindra miséreux dans un hospice pour vieillards de la banlieue sud, le 9 juillet 1936. Au cimetière d’Ivry, derrière son cercueil, ils n’étaient que six à marcher.
    Charles De Saint Sauveur
     



    « Un sport très populaire à la Belle Epoque »
    Antoine de Baecque, historien


    Professeur à l’Ecole normale supérieure, Antoine de Baecque vient de publier une passionnante « Histoire de la marche », qui explore des siècles de pratiques (flâneuse, protestataire, pieuse, utilitaire…) sur tous les continents.
    Comment expliquer la grande popularité d’Yves Gallot ?
    ANTOINE DE BAECQUE. Il n’était pas le plus rapide des marcheurs, n’a même jamais gagné de course. Mais il était d’une grande endurance, et n’avait pas son pareil pour faire parler de lui, en multipliant les défis très médiatiques. A la Belle Epoque, la passion nouvelle pour le sport s’accompagne de l’essor incroyable de la presse populaire. Les journaux rivalisent d’imagination pour créer d’innombrables épreuves — le Tour de France est par exemple lancé en 1903 par « l’Auto » — qui leur permettent de célébrer des héros qu’ils font naître.
    Pourquoi ce succès de la marche ?
    Avec l’aviron, la natation et le cyclisme, c’est un sport extraordinairement populaire. Ses épreuves drainent parfois des dizaines de milliers de spectateurs. La marche incarne alors la patrie régénérée qui se remet « à marcher droit » après l’humiliation de Sedan. Après la défaite de 1870, la piètre qualité physique de l’armée avait été vilipendée. Le « relèvement du corps » participait de cet esprit revanchard face à l’Allemagne. Gallot, comme tous les autres, se voulait « marcheur patriote », il courait toujours avec un fusil et un drapeau tricolore !
    Pourquoi ce sport a-t-il décliné ?
    Peut-être parce qu’elle n’était plus autant portée par le vent patriotique. Ironie de l’histoire : la marche était le nerf de la guerre, mais celle-ci s’est enlisée dans les tranchées ! Elle aura connu un âge d’or de la fin du XIX e siècle aux années 1920. Avec le progrès des transports, l’activité a quasiment perdu ses professionnels, et laissé la place aux praticiens du week-end. Une chose est sûre : on ne marche plus assez aujourd’hui !
    « Histoire de la marche », d’Antoine de Baecque, Editions Perrin, 22 €.




    Les conseils du pro



    En 1898, Yves Gallot distille ses « conseils pratiques », à suivre pas à pas, dans un livre, « l’Art de marcher »*. Il y délivre aussi ses . Pour l’imiter, il vous faut déjà « de bonnes espadrilles » graissées de suif, de miel et de saindoux. Lacez-les « au-dessus des chevilles » et « goudronnez les semelles ». Optez pour un pantalon imperméabilisé à l’huile, de la flanelle pour le haut. Les repas doivent être frugaux : bouillon, potage, œuf cru, de la viande saignante, très peu de pain. Pour se préparer au mieux, avalez une boisson à base de 40 g de kola pulvérisé et de 500 g d’alcool à 90° qu’il faut « laisser macérer quatre jours et passer au papier tournesol ».
    Pour les petits maux pendant la course, frictionnez-vous avec de l’huile camphrée, et ne trempez pas vos pieds « malgré le désir profond qui vous assaille » : mieux vaut se les badigeonner « au pinceau » avec un mélange (60 g d’acide tonique + 1 litre d’alcool à 90°). Enfin, « n’hésitez pas à chanter en marchant, il n’est pas de meilleur soutien ».


    * Réédité en 2013 par la Petite Bibliothèque Payot, 88 pages, 5,10 €.
     
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    Message par Jean Jeu 19 Mai - 5:35

    Le 3 mai 1936, le Front populaire (né un an plus tôt de l’union des gauches : SFIO, Radicaux et PCF) gagne les législatives. Le leadeur socialiste Léon Blum prend la présidence du Conseil le 5 juin. Entre-temps, un mouvement social sans précédent gagne le pays : grèves dans tous les secteurs, occupations d’usines, manifs monstres… Le 11 juin, une fois prises les premières mesures sociales du nouveau gouvernement, le travail reprend. Mais le temps se gâte vite pour le Front. Le 22 juin 1937, alors que le fascisme menace l’Europe, Blum démissionne après le refus du Sénat de lui accorder les pleins pouvoirs financiers. Le radical Camille Chautemps forme un nouveau cabinet de Front populaire.
    Qui tombe le 15 janvier 1938 avec le départ des ministres socialistes. Blum revient aux affaires le 13 mars, mais échoue. Le Front populaire a vécu.

    Les accords de Matignon, du 7 juin, établissent les contrats de travail et reconnaissent le droit pour les travailleurs d’appartenir à un syndicat professionnel. Des hausses de salaires (7 à 15 %) sont décidées. Promesse phare de la campagne, la réduction du temps de travail (de 48 à 40 heures) est appliquée. Quant à la loi du 11 juin, elle instaure les congés payés (14 jours). Le billet de congé populaire annuel est créé dans la foulée, à 40 % de réduction.
    Le sacrifice de la «citoyenne Blum»
    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
    (Archives Brigitte Bergmann.)
    FRONT POPULAIRE. Eté 36, la gauche triomphe. Thérèse, qui a été vingt ans la maîtresse de Léon Blum avant de devenir sa femme, rayonne. Pas pour longtemps…
    Ce mardi matin du 14 juillet 1936, une bruine mouille le pavé de Paris. Puis le soleil se lève, radieux, pour accompagner la grande fête nationale. Dans l’après-midi, 1 million de personnes défilent dans les rues de la capitale, noyées sous une déferlante de drapeaux tricolores qui se mêlent aux étendards rouges. Une mer de casquettes entonne des « Marseillaise », chante « l’Internationale », danse et parade dans des effluves de frites et de gaufres. C’est le grand jour de la gauche, l’apothéose d’un Front populaire qui a remporté les élections deux mois plus tôt et lancé des réformes sociales historiques.
    Juché sur la tribune officielle place de la Bastille, Léon Blum salue la foule. A sa droite, son épouse Thérèse, seule femme au premier rang de l’estrade, lève aussi son poing ganté. Elle semble si heureuse de voir le leadeur socialiste savourer un triomphe qu’il partage avec le petit peuple des prolos. Elégante dans son tailleur noir rehaussé d’une lavallière en soie blanche, la « citoyenne Blum », comme la surnomment les médias, mesure le chemin accompli. Et d’abord celui de son « grand homme », pour la carrière duquel elle s’est dévouée. Elle a été de tous les meetings, a épluché des liasses de courrier, s’est occupée de sa circonscription de Narbonne, lui a même servi de chauffeur. Thérèse a aussi été une parfaite maîtresse de maison. Dans leur bel appartement bourgeois qui offre une vue magnifique sur la Seine, elle a de quoi faire : le 25, quai de Bourbon a longtemps servi de QG au chef de la SFIO. Depuis qu’il a pris la tête du gouvernement, c’est une sorte de Matignon bis où le nouveau président du Conseil reçoit dans le salon collaborateurs et dirigeants… sans quitter sa robe de chambre !
    Ce petit bout de femme, qui paraît si fière d’être là, en pleine lumière à la tribune, se souvient peut-être des longues années de clandestinité. Léon et elle se sont aimés follement à partir de l’été 1911, mais aucun des deux n’était libre. Pendant vingt ans, elle est restée la maîtresse cachée du brillant juriste et chroniqueur littéraire, avant que le décès de Lise Blum, en décembre 1931, ne donne à Thérèse le premier rôle. A cette époque, Léon est déjà le maître de la SFIO. Un homme respecté, même si ses allures de grand bourgeois dandy ne plaisent pas à tous.
    « Thérèse venait aussi de ce monde, mais par son énergie et sa simplicité, elle lui a apporté une vraie touche d’humanité, de proximité et de modernité, note l’historienne Dominique Missika, qui vient de lui consacrer une biographie*. Elle n’a pas cherché à se mêler de ses idées, mais elle était tout sauf une potiche. Au contraire, c’est sans doute la première first lady de l’histoire de la République. »
    Thérèse est heureuse, mais elle craint pour la vie de Léon, surtout depuis le lynchage perpétré par des fanatiques d’extrême droite qui ont failli le tuer cinq mois plus tôt. Elle est d’autant plus inquiète que c’est elle qui ouvre le courrier ordurier et antisémite qu’il reçoit chaque jour. D’ailleurs, ses proches lui trouvent un air tendu et un visage émacié. A la tribune, ce 14 juillet, elle est déjà malade, continuellement fiévreuse, mais cache tout à Léon, pour le protéger. « Une grippe à rechutes », élude-t-elle quand on s’enquiert de sa mine pâle. En 1937, les jours heureux sont derrière eux. Le Front populaire s’étiole, comme la santé de Thérèse. Le mal inconnu qui la ronge finit par l’emporter à 56 ans, le 21 janvier 1938, laissant Léon éperdu de chagrin. L’estocade politique suit peu après, début avril, après une éphémère tentative pour reformer un gouvernement. Cinq ans plus tard, enfermé par Vichy au château de Bourrassol, en Auvergne, il écrit à Cécette, la meilleure amie de sa femme : « Si vous saviez comme je pense à elle, comme je rêve d’elle. La blessure saigne toujours. »
    * « Thérèse : le Grand Amour caché de Léon Blum », de Dominique Missika. Alma Éditeur, 19€.
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    Message par Jean Jeu 19 Mai - 5:39

    Geneviève de Gaulle: «Mon cher oncle Charles…»
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    Genevieve de Gaulle-Anthonioz et son oncle (Rue des Archives /Tallandier.)

    RESISTANCE. En 1943, juste avant d’être arrêtée, Geneviève de Gaulle écrit au Général à Londres. Cette émouvante lettre est l’une des « archives secrètes de la France libre » désormais accessibles au public.
    « À ma chère nièce Geneviève, qui fut, tout de suite, jusqu’au bout, au fond de l’épreuve, au bord de la mort, un soldat de la France libre, et dont l’exemple m’a servi. » La dédicace, datée du 22 octobre 1954 sur la page de garde du premier tome des Mémoires de guerre du général de Gaulle, dit tout : leurs liens indéfectibles, les souffrances partagées, la fierté qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, et qui s’exprime pudiquement, à mots comptés.
    Entre l’oncle et la nièce, cette relation si particulière s’est nouée trente ans plus tôt dans l’intimité d’un drame familial. Geneviève, 4 ans, perd sa mère, foudroyée par une septicémie alors qu’elle attendait son quatrième enfant. Son père, Xavier, sombre dans une sourde dépression. Une atmosphère lugubre règne dans la maison familiale, au cœur de la Sarre allemande alors occupée par la France. Pour Geneviève, elle se gâte encore plus avec le remariage de son « pauvre papa ». Heureusement, il y a l’oncle Charles, le jeune frère de Xavier. Elle se sent bien avec ce géant érudit et drôle qui la traite comme une adulte. Lui apprécie cette frondeuse aux airs sages, qui aime deviser de tout. Adolescente, elle passe régulièrement ses vacances à la Boisserie, la propriété que Charles et Yvonne ont achetée à Colombey-les-Deux-Eglises (Haute-Marne) en 1934.
    Quand la France tombe sous la botte nazie, elle devance son appel. Le 17 juin 1940, quand le vieux maréchal annonce de sa voix chevrotante que la France rend les armes, elle se sent comme « brûlée par un fer rouge ». « Ma décision de résister quoi qu’il arrive, je l’ai prise, je crois, ce jour-là, en entendant Pétain parler à la radio. Je ne pouvais pas accepter ça », écrira-t-elle dans ses souvenirs. Sa décision est donc déjà prise quand, le lendemain, une voix familière lance depuis Londres la résistance à Hitler. Ainsi confortée dans sa décision, l’étudiante en histoire commence par de petites actions, à Rennes puis à Paris où elle s’installe très vite. Elle arrache des drapeaux nazis, écrit dans une revue résistante, participe à des filières d’évasion vers l’Espagne… Elle n’a aucune nouvelle du chef de la France libre, mais il n’est jamais loin. Notamment dans les photos qu’elle diffuse clandestinement, pour faire connaître son héros que Vichy appelle encore dédaigneusement le « Général Micro ».
    Le 6 mai 1943, dans une longue lettre (retrouvée il y a seulement six mois, elle figure dans les archives du SHD [Service historique de la défense], lire ci-dessous) écrite à l’encre bleu pâle, Geneviève lui raconte les derniers événements familiaux : l’arrestation de son oncle Pierre, frère de Charles ; le départ de son père en Suisse ; sa nouvelle clandestinité ; sa résolution à continuer le combat… « Les femmes ont prouvé qu’elles pouvaient aussi servir », lui glisse l’impétueuse, future égérie d’ATD Quart-Monde, avant de l’« embrasser très respectueusement ».
    Deux mois et demi plus tard, elle est arrêtée dans une librairie avec une partie de son réseau par la Gestapo française. Démasquée, elle finit par leur livrer — non sans fierté — son véritable nom. Internée à Fresnes, elle est ensuite déportée à Ravensbrück, en Allemagne. Sur le quai de la gare de Compiègne, à l’appel de son nom, des acclamations retentissent parmi les prisonnières. Quand elle est libérée du camp de concentration, le 20 avril 1945, après y avoir subi un véritable enfer, proie d’un SS particulièrement sadique, le matricule 27372 ne pèse plus que 44 kg. Après avoir rendu visite à son père en Suisse, elle file début mai voir son oncle, alors chef du gouvernement, dans sa résidence de Neuilly. A lui, la jeune femme de 24 ans, marquée pour la vie, peut tout raconter des horreurs qu’elle a subies. « C’est à peu près la seule personne à qui j’en ai parlé comme cela […]. On a eu vraiment, je dois dire, des moments de très grande intimité. » Jusqu’à voir couler, sur la joue de l’inflexible général, une impensable larme.
    Charles de Saint Sauveur
     

    [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

    Lettre de Genevieve Anthonioz De Gaulle au General
    (Leemage/Lebrecht.)



     


    Plongée dans les archives secrètes de la guerre



    Drôle de sensation. Sous les doigts, des bouts de papiers un peu passés, des morceaux d’histoire cachés. Rapports secrets, listes de résistants et de collaborateurs, missives confidentielles… Pendant soixante-dix ans, des centaines de cartons d’archives (500 m de linéaires !) de la Seconde Guerre mondiale ont dormi en toute discrétion dans les caves ultra sécurisées de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Exploités juste après la guerre par les services secrets, ces fonds inédits sont désormais disponibles dans les salles de lecture du Service historique de la défense*. Tous ces documents n’ont pas encore été référencés. Quatre archivistes officieront jusqu’à fin 2017 pour les explorer de fond en comble. Mais quelques pépites ont d’ores et déjà été exhumées.



    • « People » fichés. Célèbre pour sa ceinture de bananes, la chanteuse Joséphine Baker a aussi été une grande résistante. Dans les archives secrètes de la DGSE, on trouve une série de documents liés à cet agent du contre-espionnage, comme une émouvante demande de visa, avec une authentique photo de la jeune meneuse de revue. D’autres dossiers concernent le jeune chanteur de music-hall Yves Montand, ou encore Coco Chanel, qualifiée dans un rapport d’« ancienne demi-mondaine ». Sur d’autres notes, on apprend que la créatrice de mode était considérée comme une « source » par les services nazis.

    • Klaus Barbie en VF. « Je comprends très bien le français et le parle correctement pour pouvoir répondre aux questions que vous me poserez sans le secours d’un interprète. » Ainsi parlait Klaus Barbie, chef de la Gestapo lyonnaise, devant les policiers français qui l’ont interrogé en l’an « mil neuf cent quarante huit ». Dans ce long procès-verbal, il raconte avoir « traité l’affaire Moulin »… Le Boucher de Lyon, qui sera condamné en 1987, est responsable de la capture, de la torture et de la mort du chef de la Résistance. Un autre document trouvé dans ces archives fait écho : le 22 juin 1943, un télégramme signé Sophie expédié à Londres annonce l’arrestation à Caluire de « Rex-Luc » (Jean Moulin), et se termine sur ces mots : « Envoyez renforts nécessaires ».

    • Caricatures fatales. Le soir du réveillon de 1943, Heinz Lautenschläger, 31 ans, membre des services de sécurité (SD) du parti nazi à Metz, croque ses collègues. D’un trait aussi féroce que précis, le jeune caricaturiste parodie les convives… dont ses supérieurs. Sans se douter que ses cinq planches, une fois la Libération venue, permettront aux services du contre- espionnage français de confondre les agents de ce service !




    * Pour l’occasion, le Service historique de la défense a édité [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].


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    Des caricatures faites par un membre du parti nazi chargé du renseignement ont permis d’identifier ses supérieurs (DR.)


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