Pour parler de Dick Rivers, implique d'être "Rock-Habilité" comme Eric Naulleau ! merci à lui pour ce merveilleux hommage lu lors de la cérémonie religieuse le 02/05 à St Pierre de Montmartre.
Il est né deux fois.
La première dans les années 40, la seconde dans les années 50 quand le rock est entré dans sa vie pour ne plus jamais en sortir.
Hervé se disait désormais Dick, Forneri se disait désormais Rivers et il s’en fallait de peu pour que Nice, sa ville natale, se dise désormais Nice.
Il n’a cessé d’adapter, il n’a cessé de s’adapter, ce qui demeure, on le sait, la plus belle preuve d’intelligence.
D’adapter les classiques du rock anglo-américain, auxquels par sa voix le corset de notre langue française allait soudain comme un gant, même s’il leur fallait un peu rentrer le ventre au passage.
De s’adapter aux artistes les plus divers, tous genres et toutes générations confondus, d’Alain Bashung à Julien Doré, de Gérard Manset à Francis Cabrel, de Benjamin Biolay à Mickey 3D, d’Axel Bauer à Matthieu Boggaerts. Je ne peux tous les citer, que les présents veuillent bien me le pardonner.
Et qui d’autre que lui pouvait passer avec pareille aisance, la liberté pour seul guide, l’instinct pour seule boussole, le plaisir pour seul moteur, d’une opérette du professeur Choron à une pièce de Jean Genet, du doublage d’un personnage de dessin animé à un film de Jean-Pierre Mocky ?
D’une émission de télévision à un jury de Sciences Po ? D’un livre d’entretiens à un polar ? Un touche-à-tout qui nous touchait tous. Bien loin de brouiller son portrait, ces métamorphoses ne cessaient de le préciser, de le rapprocher de lui-même.
A qui s’étonnerait des tours et détours de cette ligne de vie, on opposera l’adage « Qui peut le plus, peut le moins », car Dick Rivers ne s’est pas contenté d’adapter et de s’adapter, Dick Rivers s’est plus encore inventé et réinventé.
Au point de se transporter avec guitare et bagage de l’autre côté du miroir, au point que le rêve américain devienne sa réalité, au point que le pays qui occupait toute son imagination d’adolescent finisse par occuper tout son imaginaire d’adulte.
Il était non seulement l’un de nos rares artistes capable de chanter en anglais sans que le Commonwealth tout entier ne s’écroule de rire, mais aussi l’un des rares à pouvoir partager une scène avec des guitar heroes du calibre de Mick Taylor ou de Chris Spedding, mais enfin l’un des rares à pouvoir entonner au premier degré Sweet home Alabama entre deux sessions d’enregistrement dans les studios de Muscle Shoals.
Car il était chez lui de l’autre côté de l’Atlantique. Pour paraphraser ce que Gérard Legrand disait d’André Breton et de Saint Cirq Lapopie, Dick avait cessé de se désirer ailleurs. Dick avait cessé de se désirer sous d’autre cieux que ceux de Memphis, Austin ou Sheffield tout comme Dick avait cessé de se désirer sous d’autres yeux que ceux de Babette. Et tout au bout du rêve, qui ne restait frappé d’une ressemblance toujours plus criante avec le légendaire Johnny Cash ? Parvenu de l’autre côté du miroir, il contemplait son reflet, il lisait sur ses lèvres le mot pain, douleur, la douleur que son double américain avait chantée dans un dernier album aux allures de testament et qu’il définissait comme l’ultime vérité de l’existence.
Dick était un ami fidèle, attentionné, toujours le premier à souhaiter la bonne année à ceux qu’il aimait — précisons qu’il s’y prenait dès l’après-midi du 26 décembre, ce qui lui assurait quelques décisives longueurs d’avance. Il ne gardait pas rancune aux oublieux, il poinçonnait régulièrement le ticket de l’amitié sans exiger la réciprocité. Ses messages nous manqueront : « Bonjour, c’est votre ami, M. Rivers… », nous les garderons parmi nos souvenirs et dans la mémoire de nos portables.
Il n’est guère d’usage d’introduire une note polémique dans la partition des hommages funèbres, mais nombreux sont les amis ou les admirateurs de Dick Rivers, ou les deux à la fois, on parlera en ce cas d’amirateurs, qui gardent gros sur le cœur le traitement désinvolte qui lui fut parfois réservé, cette manière aussi incompréhensible que répétée de le prendre de haut¬ — comme un cousin de province relégué en bout de table familiale.
N’en déplaise aux méprisants, n’en déplaise aux condescendants, cons descendant que j’ai écrit en deux mots mais que je prononce en un seul par respect pour ce lieu, Dick était et restera le plus authentique de tous ceux qui virent un jour le soleil se lever à l’ouest et en restèrent pour toujours éblouis.
Dick Rivers est mort le jour anniversaire de la naissance d’Hervé Forneri, tous deux aussi inséparables ici-bas que dans l’au-delà, comme si rien n’y faisait, ni l’éloignement dans le temps, ni l’éloignement dans l’espace, ni même la mort, dans les rues d’Austin comme dans les rues du vieux Nice, jamais le grand Dick Rivers ne lâcherait la main du petit Hervé Forneri. Nous les pleurons aujourd’hui tous les deux.
Quand on lui demandait l’année dernière s’il avait un message à l’adresse de son public, Dick répondit « Venez me voir nombreux et aimez-moi ».
Il suffit de voir tous ceux que rassemblent aujourd’hui en cette église Saint-Pierre de Montmartre le deuil et l’hommage pour comprendre que son message a été reçu.
Eric Naulleau
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