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"Johnny Hallyday a changé mon destin". Par Patrick Scicard
Paris Match | Publié le 09/02/2011 à 19h05
Propos recueillis par Caroline Rochmann
Devenu directeur du Martinez, je pose (en bleu) avec Jacques Chavance, le directeur d’exploitation et Johnny
Comme chaque année, pendant les fêtes, j’aide mes parents, qui possèdent une pâtisserie. Le 25 décembre 1965, j’ai 10 ans, et une livraison va éteindre mes complexes d’enfant d’origine modeste. Tout devient possible.
Ce jour-là, dans sa camionnette de livraison, mon père prend un air mystérieux : « Tu vas avoir une surprise ! » Je sonne à la porte d’une propriété cossue de Grosrouvre et, là, stupeur : c’est Johnny Hallyday en personne qui m’ouvre ! Je suis tellement estomaqué que je manque de faire tomber ma bûche. Il la rattrape avec un large sourire et m’invite à entrer. Dans le salon orné d’un grand sapin de Noël au pied duquel sont déjà disposés les cadeaux, il me présente à Sylvie Vartan en train de dresser la table, en jean et en tee-shirt, à la maman de celle-ci et aussi à Carlos, qui me fait la bise. S’efforçant de me mettre à l’aise, Johnny m’invite à le suivre dans la cuisine : « Tu veux boire quelque chose, un Coca ? » Il ouvre le réfrigérateur, me sert à boire et, aussi intimidé qu’émerveillé, je reste dix bonnes minutes à savourer le « spectacle » du clan Hallyday dans son intimité.
C’est ce jour-là que, pour moi, a commencé la vraie vie. Moi, le petit garçon obligé de trimer quand les autres s’amusent, l’enfant pauvre qui n’a presque pas de cadeaux réalise soudain que les paillettes deviennent accessibles par le travail. Dès lors, je n’ai eu de cesse que mon travail se transforme en passion, réalisant qu’il pouvait entraîner des opportunités que je ne soupçonnais même pas. Je prenais conscience qu’il n’y avait pas de voie royale ou d’escalier de service pour accéder au petit monde de l’excellence. En sortant de chez Johnny, je n’étais plus le même. Tout devenait possible. Mes complexes s’étaient envolés.
Ma carrière, par la suite, devait m’amener à rencontrer le chanteur plusieurs fois. D’abord au Pavillon royal où, en juin 1980, j’avais organisé le repas d’anniversaire de ses 37 ans. Puis plusieurs fois au Martinez, que j’ai dirigé pendant des années et où il descendait régulièrement lors du Midem, sans savoir combien il avait influencé toute ma vie. J’étais frappé par son calme, sa gentillesse, son écoute et sa grande courtoisie.
Cet été, j’ai encore eu l’honneur de préparer le repas de son 67e anniversaire lors d’une croisière sur la Seine. Au cours du repérage, il m’avait confié : « C’est la réalisation d’un rêve de gosse que je n’ai jamais eu le temps d’accomplir, monter à bord d’un Bateau-Mouche. » Comme d’habitude, ses goûts étaient très simples : du gaspacho en entrée, du gigot bien cuit et un cheese-cake aux fraises, son gâteau préféré. Il était inquiet, ne cessant de répéter : « Je souhaite que tout se passe bien, que mes invités soient heureux. » Sa seule exigence : que le bateau se trouve à minuit pile sous la tour Eiffel pour la voir scintiller. A l’issue de la soirée, j’ai osé lui rappeler l’anecdote de mes 10 ans : « Vous ne pouvez pas savoir quel fluide magique vous m’avez transmis ce jour-là », lui ai-je dit. J’étais très ému en lui racontant cette histoire qu’il a écoutée avec attention et bienveillance. Moi qui, depuis ce jour, ai fait de ce proverbe chinois ma devise : « Si tu veux que ton sillon soit droit, accroche ton cœur à une étoile. »
"Johnny Hallyday a changé mon destin". Par Patrick Scicard
Paris Match | Publié le 09/02/2011 à 19h05
Propos recueillis par Caroline Rochmann
Devenu directeur du Martinez, je pose (en bleu) avec Jacques Chavance, le directeur d’exploitation et Johnny
Comme chaque année, pendant les fêtes, j’aide mes parents, qui possèdent une pâtisserie. Le 25 décembre 1965, j’ai 10 ans, et une livraison va éteindre mes complexes d’enfant d’origine modeste. Tout devient possible.
Ce jour-là, dans sa camionnette de livraison, mon père prend un air mystérieux : « Tu vas avoir une surprise ! » Je sonne à la porte d’une propriété cossue de Grosrouvre et, là, stupeur : c’est Johnny Hallyday en personne qui m’ouvre ! Je suis tellement estomaqué que je manque de faire tomber ma bûche. Il la rattrape avec un large sourire et m’invite à entrer. Dans le salon orné d’un grand sapin de Noël au pied duquel sont déjà disposés les cadeaux, il me présente à Sylvie Vartan en train de dresser la table, en jean et en tee-shirt, à la maman de celle-ci et aussi à Carlos, qui me fait la bise. S’efforçant de me mettre à l’aise, Johnny m’invite à le suivre dans la cuisine : « Tu veux boire quelque chose, un Coca ? » Il ouvre le réfrigérateur, me sert à boire et, aussi intimidé qu’émerveillé, je reste dix bonnes minutes à savourer le « spectacle » du clan Hallyday dans son intimité.
C’est ce jour-là que, pour moi, a commencé la vraie vie. Moi, le petit garçon obligé de trimer quand les autres s’amusent, l’enfant pauvre qui n’a presque pas de cadeaux réalise soudain que les paillettes deviennent accessibles par le travail. Dès lors, je n’ai eu de cesse que mon travail se transforme en passion, réalisant qu’il pouvait entraîner des opportunités que je ne soupçonnais même pas. Je prenais conscience qu’il n’y avait pas de voie royale ou d’escalier de service pour accéder au petit monde de l’excellence. En sortant de chez Johnny, je n’étais plus le même. Tout devenait possible. Mes complexes s’étaient envolés.
Ma carrière, par la suite, devait m’amener à rencontrer le chanteur plusieurs fois. D’abord au Pavillon royal où, en juin 1980, j’avais organisé le repas d’anniversaire de ses 37 ans. Puis plusieurs fois au Martinez, que j’ai dirigé pendant des années et où il descendait régulièrement lors du Midem, sans savoir combien il avait influencé toute ma vie. J’étais frappé par son calme, sa gentillesse, son écoute et sa grande courtoisie.
Cet été, j’ai encore eu l’honneur de préparer le repas de son 67e anniversaire lors d’une croisière sur la Seine. Au cours du repérage, il m’avait confié : « C’est la réalisation d’un rêve de gosse que je n’ai jamais eu le temps d’accomplir, monter à bord d’un Bateau-Mouche. » Comme d’habitude, ses goûts étaient très simples : du gaspacho en entrée, du gigot bien cuit et un cheese-cake aux fraises, son gâteau préféré. Il était inquiet, ne cessant de répéter : « Je souhaite que tout se passe bien, que mes invités soient heureux. » Sa seule exigence : que le bateau se trouve à minuit pile sous la tour Eiffel pour la voir scintiller. A l’issue de la soirée, j’ai osé lui rappeler l’anecdote de mes 10 ans : « Vous ne pouvez pas savoir quel fluide magique vous m’avez transmis ce jour-là », lui ai-je dit. J’étais très ému en lui racontant cette histoire qu’il a écoutée avec attention et bienveillance. Moi qui, depuis ce jour, ai fait de ce proverbe chinois ma devise : « Si tu veux que ton sillon soit droit, accroche ton cœur à une étoile. »
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