Tour Eiffel - 1989 -

1989 - LE CENTENAIRE DE LA TOUR EIFFEL
Le 17 juin 1989, aux pieds de la Tour se déroule devant 900.000 spectateurs installés sur le Champ de Mars et le Trocadéro, le Spectacle mis en scène par Olivier Massard, retransmis sur TF1, dont André Georget assure la Composition & la Production Musicale. Six mois de travail seront nécessaires pour réaliser ce projet complexe constitué de musiques de tous styles.
Les Tambours de Bâle, 50 percussionnistes, qui jouent comme un seul homme des rythmes à mesures composées d’une grande complexité.
Les Tambours du Bronx, qui interprètent la pièce maîtresse du spectacle Le Grand Mécano, avec Jean Yves d’Angelo aux synthétiseurs et Le London Symphony Orchestra. Ce titre “habille” bon nombre de générique de reportages ou documentaires.
45 minutes de musiques symphoniques préenregistrées à Abbey Road, avec le London Symphony Orchestra et les Ambrosian Singers, sous la direction de Harry Rabbinovitz. Collaboration artistique avec Stevie Wonder, Free & Happy Birthday, ainsi que Placido Domingo, La Marseillaise, Johnny Hallyday, Charles Aznavour, Claude Nougaro, Charles Trenet etc . . . pour cet événement exceptionnel diffusé dans 65 pays et réalisé par la chaîne américaine ABC.

Lundi 19 juin 1989







Les cent ans pétaradants de la dame de fer DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL PERMANENT Paris, 18 juin. «Viveu
lè tourr Aiffeul!» Traduction: «Vive la tour Eiffel!» s'est écrié
Ronald Reagan en personne, samedi soir, au pied de la tour embrasée de
mille feux. La fête géante offerte par Jacques Chirac à tous les
amoureux de la dame de fer qui célébrait ses cent ans prenait fin aux
petites heures. Les Parisiens et les autres (il y avait quelque 500.000
spectateurs) venaient de vivre 89 minutes d'un spectacle
lumière-son-feux d'artifice absolument sans précédent. On n'a pas, il
est vrai, tous les jours cent ans... Grondements de
tambours et de canons, irruption de foules de jeunes gens et jeunes
filles porteurs de flambeaux et scandant «Liberté!», façades du
Trocadéro et décors gigantesques sous la tour transformés en murailles
de la Bastille, ballets fantastiques de projecteurs, envols de lourds
ballons colorés, la tour elle-même, revêtue soudain de parures
lumineuses bleu-blanc-rouge: la fête débutait par une évocation
grandiose de la Révolution. La voix de Placido Domingo,
soutenue par le London Symphony Orchestra et de formidables choeurs
d'hommes et de femmes, répercutés à l'infini par des centaines de
batteries de haut-parleurs, s'est élevée: «Allons-z'enfants de la
Patrie!...». Et la joyeuse dilapidation de 89 millions de FF (un par
minute de spectacle), soit plus de 550 millions de FB, a commencé. Mais
quel spectacle! La foule, parquée trop loin - au Champ de Mars et sur
les allées du Trocadéro - avait sifflé le retard (une demi-heure sur
l'horaire) mis au démarrage, mais, ensuite, sidérée par l'extravagante
féerie lumineuse, elle avait applaudi de bon coeur. La fête, enfin... Ce
«spectacle Chirac», par opposition à ce que l'opinion appelle déjà la
«fête à Mitterrand» - entendez: l'ensemble des festivités du
bicentenaire de la Révolution -, a constitué, par sa somptuosité, le
vrai coup de départ à la commémoration de 1789. C'est la fête,
enfin, après des semaines de criailleries et d'acerbes critiques contre
les projets parfois pharaoniques des princes qui gouvernent ce pays, et
des contraintes de sécurité à la mesure de l'événement démesuré. Foin
des polémiques à l'échelle nationale, le maire de Paris avait décidé de
longue date que la fête de la tour serait superbe. Il en a pris les
moyens: mais s'il y avait bien des vedettes (Trenet, Aznavour,
Hallyday, Mireille Mathieu, Julia Migenes, Nougaro et surtout Stevie
Wonder), c'est la pyrotechnie quasi permanente - la tour tout feu, tout
flammes - qui a rallié tous les suffrages. Toute l'histoire du
meccano de M. Eiffel fut passée en revue, avec des spectacles qui se
déroulaient sous la tour (retransmis par des écrans géants) et qui se
succédaient avec un synchronisme parfait: des acrobates fous dans les
poutrelles, un accompagnement musical tonitruant, des folies de rayons
laser et des projections gigantesques sur décors titanesques pour
rappeler la révolution industrielle qui a permis que 18.000 pièces
usinées et 2,5 millions de rivets permettent encore aujourd'hui de
s'esbaudir face à ce monument qui symbolise Paris. Quel gâteau mes enfants! Les
guerres, les époques, belles ou non, que la tour a vécues en même temps
que la ville, Paris-canaille, Paris-Paname, les années folles, les
après-guerre lyriques, les émeutes et leurs lendemains, la Seine et sa
poésie, tout cela défile ou se chante. Moulin-Rouge, Revue nègre, la
merveilleuse voix de Piaf qui habille soudain la nuit de tendresse
poivrée, et puis Johnny à moto au milieu des copains en Harley, enfin,
Stevie Wonder et ses tubes. Puis, l'apparition, sur la terrasse
du Trocadéro, du gâteau d'anniversaire, forcément le plus grand du
monde, la joie de Reagan et de sa Nancy, les vœux de Chirac à la
«Bergère d'azur», la dame de fer en lamé or, qui n'en est sûrement pas
revenue. Cent ans, bon pied, bon œil, merci, M. Eiffel! JACQUES CORDY.


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Répétition -

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Le 17 juin à Paris Spectacle " géant " pour les 100 ans de la tour Eiffel
M. Jacques Chirac a présenté jeudi 6 avril la grande fête organisée par la Ville de Paris le 17 juin pour commémorer le centenaire de la tour Eiffel dans le cadre des manifestations du bicentenaire de la Révolution française.

Le premier étage de la tour Eiffel, salon Gustave-Eiffel. Un décor de circonstance, une tribune aux couleurs _ bleu et rouge _ de la Ville de Paris. Un Jacques Chirac décontracté, mais aussi grandiloquent, pour évoquer le centenaire de la tour Eiffel et la " grande fête populaire " du 17 juin autour du monument-symbole à la gloire de 1789. L'emphase est de rigueur. " Evénement exceptionnel ", " ambition considérable ", effets " inédits ", " spectacle aux dimensions géantes ", " compétence immense " de ses réalisateurs, artistes aux " talents exceptionnels ", donnant une " dimension unique " et " universelle " à cette commémoration...
Rendez-vous est donc fixé aux Parisiens et " à un public venant du monde entier ", à quelques jours de l'été, pour le 200e anniversaire de la transformation du Tiers (réuni pour les Etats généraux) en Assemblée nationale.
Et quel rendez-vous! Le maire de Paris a quelques raisons de manier les superlatifs. De l'Ecole militaire au palais de Chaillot (1 km), huit cent mille spectateurs pourront assister à un gigantesque spectacle aux facettes multiples. Le maitre d'oeuvre de "Paris 89" est Olivier Massart, qui a notamment réalisé en septembre 1987, à Chaillot, le Festival international de la mode. Le principe général est une série de neuf "tableaux" sur trois cents ans (en quatre-vingt-neuf minutes!), de la Révolution à la construction de la tour et à... 2089. Les bouleversements de la mode, l'épopée des transports et l'aventure de la communication sont parmi les thèmes de ces évocations, auxquelles vont participer plusieurs milliers de choristes, musiciens, tambours, comédiens, danseurs, trapézistes, jongleurs, mimes, figurants, etc. La scène centrale aura 3000 mètres carrés. Il y aura des écrans géants, des théâtres d'eau, 6000 projecteurs pour illuminer le monument (350 en temps ordinaire).
Des stars internationales participeront à la fête, dont le "final" est une fusée à quatre étages : un choeur rassemblant tous les artistes, "le plus grand gâteau du monde" à partager avec le public (25 mètres de haut), un feu d'artifice aux dimensions inédites (375 points de tir, dont certains sur les trois étages de la tour), enchainant sur " le plus grand bal du monde ". Le livre Guiness des records risque d'être mis à rude épreuve.

Le Paris de la tour Eiffel contre le Versailles des Etats Généraux? La révolution industrielle contre la révolution politique? La vieille dame de fer centenaire contre la guillotine de bois bicentenaire? Chirac contre Mitterrand?
Lorsque l'ancien Premier ministre, l'ancien vaincu de l'élection présidentielle, le toujours maire de Paris, Jacques Chirac, annonça pour le 17 juin prochain un gigantesque spectacle son et lumière en l'honneur de la tour Eiffel, et autour d'elle, avec 3.500 figurants, 200 danseurs, 300 chanteurs, 20 stars, des éléphants, des dromadaires et de la place pour 800.000 spectateurs, tout le monde comprit que Chirac jouait, avec son centenaire de la tour Eiffel, un mauvais tour à Mitterrand et à son bicentenaire de la Révolution, et torpillait l'autre gigantesque spectacle, dont on ne connaît pas encore bien le programme, préparé, dans le plus grand secret, par le gouvernement pour la fête nationale du 14 juillet. Le 14 juillet de la prise de la Bastille devenu Fête Nationale et qui verra peut-être la reconstruction - en carton pâte - de la dite Bastille.
Peut-être... Ce qui est certain, c'est que Chirac a «mis le paquet». Cela coûtera la bagatelle de 60 millions de FF (360 millions de FB). Dont la Ville de Paris ne paiera que le tiers, Mitterrand, bon prince, ayant décidé de faire accorder par le gouvernement Rocard, le solde de la somme.
Une fête
pour trois siècles
Il est vrai que Chirac ne se contentera pas de fêter le centenaire de la dame de fer à laquelle il offrira un gâteau d'anniversaire «en vrai», de 23 mètres de haut et 15 mètres de diamètre, fabriqué par 1.000 pâtissiers. Il célébrera, en 89 minutes de spectacle, pas moins de trois siècles d'histoire de France: les deux siècles qui nous séparent de la Révolution, le siècle depuis lequel la Tour se dresse sur Paris dont elle est devenue une sorte de symbole mondial, et le siècle qui commence. Autrement dit «Paris et la France de 1789 à 2089».
Son et lumière: l'éventail ira des tambours aux synthétiseurs, de la Carmagnole au rock, des torches, quinquets et lanternes sans culotte aux sunlights et lasers.
Les chiffres donnent une idée du gigantisme de la fête: 3.500 figurants, 300 choristes, 100 accordéonistes, 80 tambours, 200 danseurs, 300 mannequins, 50 mimes, 350 comédiens, 300 musiciens sur un «plateau» d'un kilomètre. Et 20 stars internationales en supplément, dont Julio Iglesias, Charles Aznavour, Nana Mouskouri, Claude Nougaro, Charles Trenet, etc.
Six mille sunlights, 50 lasers, 25 km de câbles, pour la lumière, 65 haut-parleurs sur 44 tours et 50 km de câbles, pour le son.
Les spectacles au sol, défilés, ballets et spectacles de cirque et de music-hall avec animaux, jongleurs, équilibristes, trapézistes et cracheurs de feu, prestations des vingt «stars», seront retransmis sur 8.500 m2 d'écrans géants dont sept seront des écrans d'eau et deux gonflables.
Le spectacle pyrotechnique avec 18.000 gerbes, comètes, fusées et autres pièces d'artifice consommera 15 tonnes de poudre et sera tiré de 375 points de tir protégés par 470 tonnes de sable.
Les grandes eaux, sous la tour Eiffel avec 31 canons à eau consommeront deux millions et demi de litres et, du pont d'Iena, plus d'un million de litres d'eau de la Seine seront puisés par 65 pompes.
Une solide centenaire
Tout ce spectacle sera filmé, en vue de retransmissions télévisées en différé, par l'un des plus grands réalisateurs de télévision américains, Walter Miller, qui a déjà tourné les Jeux olympiques de Los Angeles et le gala d'investiture de Georges Bush.
La tour a été terminée le 31 mars 1889. Son coût, en francs actuels, aura été de 71 millions de FF (426 millions FB), à peine plus que le spectacle, grandiose mais éphémère (360 millions), qui marquera son (premier) centenaire.
Car la vieille dame est solide et régnera encore longtemps sur Paris. En cent ans, elle a reçu cent vingt millions de visiteurs. Chantée par les poètes («La tour Eiffel dépasse mes espérances» - Stéphane Mallarmé), célébrée par les écrivains («C'est Notre-dame de la Rive Gauche, la reine de Paris» - Jean Cocteau), inspirant les peintres (le premier fut Seurat dès 1888, puis Rousseau, Signac, Delaunay, Chagall, Utrillo, Dufy, Bazaine, Stael, Gromaire, Buffet, Kojiro Akagi), la centenaire de fer et de lumière, de la pointe de laquelle partirent la première émission de «radio-diffusion» (1921), le premier «journal parlé» (1925), la première émission de télévision (1935), la tour Eiffel valait bien une telle fête.