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Le Parisien magazine
Invité- Invité
- Message n°1
Le Parisien magazine
Invité- Invité
- Message n°2
Re: Le Parisien magazine
« On m’appelle Johnny, Jojo ou mon pote »
Par Lucas Bretonnier, envoyé spécial à Los Angeles
Photos Dimitri Coste
Quelques mois avant sa tournée en France cet été, notre rockeur national nous a reçus, en exclusivité, chez lui, à Los Angeles. Tout en sensibilité, il s’est confié sur sa vie, sa carrière, la musique… et l’Amérique.
On dirait Wisteria Lane, le quartier résidentiel de la série Desperate Housewives. D’immenses maisons, telles des pièces montées, se dressent sur les collines verdoyantes. Nous sommes à Pacific Palisades, entre Beverly Hills et l’océan, dans l’ouest de Los Angeles. Johnny Hallyday habite ici. Sa grande demeure, murs blancs et toiture grise, est à peine protégée par un petit portail noir. Un interphone sans nom, et l’on entre. Le parquet est sombre. Des écrans géants dans presque toutes les pièces. Aux murs, des photos en noir et blanc : Laeticia, sa femme depuis dix-neuf ans, Brigitte Bardot, James Dean, Marlon Brando… Santos, le labrador noir, s’ébroue sous les caresses des enfants, Joy, 6 ans, et Jade, 10 ans. A 14 heures, ce lundi 16 mars, il y a du monde chez les Hallyday : coiffeur, maquilleuse, photographe, manager. Mais pas de trace du « taulier ». « Il prend sa douche », nous dit-on. Le voilà. Pieds nus, il glisse sur le parquet. Quelques mèches humides tombent sur son front parcheminé. Un battement de paupières et ses yeux bleus en amande vous photographient.
Harley-Davidson et Rolls-Royce
A 71 ans, l’ambassadeur français du rock US vit son rêve américain sur la côte Ouest, six mois après la sortie de son 49e album, Rester vivant, et avant une nouvelle tournée, en juillet. Les Harley-Davidson parsèment son garage comme les tatouages, ses avant-bras. Seule trahison à l’Oncle Sam ? Sa très anglaise Rolls-Royce cabriolet bleue. Une Phantom Drophead Waterspeed. Trente-cinq exemplaires dans le monde. Quand il la sort, ce jour-là, vers 16 heures, pour se rendre au Shamrock Tatoo Social Club, sur Sunset Boulevard, même les regards blasés le saluent. Son assistant et son photographe lui ouvrent la voie sur leurs Harley. Mark Mahoney, le fameux tatoueur, coupe rockabilly et costume à carreaux, l’embrasse comme du bon pa in français. Pendant deux heures, il va lui graver sur le biceps gauche un portrait de Laeticia. A 20 heures, le « supplice » terminé, l’interprète de Gabrielle insiste pour nous montrer le moteur bleu de son carrosse. Il montre aussi quelques signes de fatigue. Heureusement, notre entretien a déjà eu lieu. Quelques heures plus tôt, au bord de sa piscine, Johnny Hallyday s’était confié. Les Etats-Unis, la France, sa musique, sa vie… Il fallait attraper son regard bleu, ne pas le lâcher. Dissiper quelques volutes des gitanes qu’il fumait à la chaîne.
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A Hollywood, Johnny se fait tatouer le portrait de sa femme, Laeticia par le célèbre tatoueur Mark Mahoney, sous les yeux d’un habitué du Shamrock Tatoo Social Club. © Dimitri Coste.
Par Lucas Bretonnier, envoyé spécial à Los Angeles
Photos Dimitri Coste
Quelques mois avant sa tournée en France cet été, notre rockeur national nous a reçus, en exclusivité, chez lui, à Los Angeles. Tout en sensibilité, il s’est confié sur sa vie, sa carrière, la musique… et l’Amérique.
On dirait Wisteria Lane, le quartier résidentiel de la série Desperate Housewives. D’immenses maisons, telles des pièces montées, se dressent sur les collines verdoyantes. Nous sommes à Pacific Palisades, entre Beverly Hills et l’océan, dans l’ouest de Los Angeles. Johnny Hallyday habite ici. Sa grande demeure, murs blancs et toiture grise, est à peine protégée par un petit portail noir. Un interphone sans nom, et l’on entre. Le parquet est sombre. Des écrans géants dans presque toutes les pièces. Aux murs, des photos en noir et blanc : Laeticia, sa femme depuis dix-neuf ans, Brigitte Bardot, James Dean, Marlon Brando… Santos, le labrador noir, s’ébroue sous les caresses des enfants, Joy, 6 ans, et Jade, 10 ans. A 14 heures, ce lundi 16 mars, il y a du monde chez les Hallyday : coiffeur, maquilleuse, photographe, manager. Mais pas de trace du « taulier ». « Il prend sa douche », nous dit-on. Le voilà. Pieds nus, il glisse sur le parquet. Quelques mèches humides tombent sur son front parcheminé. Un battement de paupières et ses yeux bleus en amande vous photographient.
Harley-Davidson et Rolls-Royce
A 71 ans, l’ambassadeur français du rock US vit son rêve américain sur la côte Ouest, six mois après la sortie de son 49e album, Rester vivant, et avant une nouvelle tournée, en juillet. Les Harley-Davidson parsèment son garage comme les tatouages, ses avant-bras. Seule trahison à l’Oncle Sam ? Sa très anglaise Rolls-Royce cabriolet bleue. Une Phantom Drophead Waterspeed. Trente-cinq exemplaires dans le monde. Quand il la sort, ce jour-là, vers 16 heures, pour se rendre au Shamrock Tatoo Social Club, sur Sunset Boulevard, même les regards blasés le saluent. Son assistant et son photographe lui ouvrent la voie sur leurs Harley. Mark Mahoney, le fameux tatoueur, coupe rockabilly et costume à carreaux, l’embrasse comme du bon pa in français. Pendant deux heures, il va lui graver sur le biceps gauche un portrait de Laeticia. A 20 heures, le « supplice » terminé, l’interprète de Gabrielle insiste pour nous montrer le moteur bleu de son carrosse. Il montre aussi quelques signes de fatigue. Heureusement, notre entretien a déjà eu lieu. Quelques heures plus tôt, au bord de sa piscine, Johnny Hallyday s’était confié. Les Etats-Unis, la France, sa musique, sa vie… Il fallait attraper son regard bleu, ne pas le lâcher. Dissiper quelques volutes des gitanes qu’il fumait à la chaîne.
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A Hollywood, Johnny se fait tatouer le portrait de sa femme, Laeticia par le célèbre tatoueur Mark Mahoney, sous les yeux d’un habitué du Shamrock Tatoo Social Club. © Dimitri Coste.
Invité- Invité
- Message n°3
Re: Le Parisien magazine
Vous vivez à présent aux Etats-Unis. Pourquoi ?
L’Amérique fait partie de ma culture. De plus, ici, je suis tranquille : je peux sortir dans la rue, mes filles vont à l’école normalement. C’est un endroit où je peux me ressourcer, penser et écouter la musique américaine (lire page 15). Et puis je travaille ici : j’y enregistre mes albums.
Vous êtes aujourd’hui un monument de la chanson française mais vous étiez au départ l’ambassadeur de la musique américaine en France…
J’ai grandi là-dedans. J’ai été élevé par Lee Hallyday (à qui il doit son nom de scène, NDLR), le mari de ma cousine Desta. C’était un danseur américain. Ses parents m’envoyaient les premiers disques de Gene Vincent et d’Elvis. Il avait ses entrées dans les bases américaines en France, alors je chantais pour eux contre des jeans Levi’s. Ils me payaient avec des 501.
Vous êtes né d’un père belge mais avez choisi la nationalité française par la suite…
Quand j’ai fait mon service militaire, j’avais le choix entre la Belgique et la France. J’ai choisi la France. C’est mon pays.
Où étiez-vous lors des attentats des 7, 8 et 9 janvier derniers ? Qu’avez-vous ressenti ?
(Il réfléchit.) J’étais à Paris. Ça m’a choqué, beaucoup. J’étais catastrophé. Je veux dire, c’est horrible, cette histoire est horrible. A notre époque, comment ça peut arriver ? En plus, j’étais très copain avec Wolinski. J’ai beaucoup parlé avec Debbouze (Jamel, NDLR). Il a été très affecté. Il m’appelait tout le temps et me disait : « Tu te rends compte ce qui nous arrive sur la gueule ? » Il est comme moi, très pudique. Les gens pensent qu’on prend la parole pour se faire mousser. Pas du tout ! On a des choses, là (il montre son cœur). Mais, au moment du rassemblement, le 11 janvier, j’étais rentré à Los Angeles. J’ai trouvé ça formidable. Dany (Boon), lui, qui était ici au moment des attentats, est rentré en France pour la marche. Si j’avais pu rester à Paris, je serais allé place de la République.
Le pays est divisé, ces derniers temps : montée du FN, attentats, crise économique… Comment voyez-vous la France, d’ici ?
C’est compliqué de me prononcer depuis Los Angeles. Il fait beau, je suis un peu à l’abri des problèmes. Mais c’est vrai que la France ne se porte pas très bien.
Avez-vous suivi la polémique au sujet de la chanson de Jean-Jacques Goldman aux Enfoirés ?
J’ai seulement vu l’interview qu’a donnée Jean-Jacques au « Petit Journal ». Il a bien fait de faire ça : il a tourné la polémique en dérision. C’est qu’une chanson. C’est injuste. Il se donne du mal. Et ça nourrit quand même beaucoup de gens, les Restos du cœur.
Pourquoi ne participez-vous plus aux Enfoirés ?
Parce que trop de gens y vont, qui ne sont pas de ce métier. Et puis me déguiser en clown, moi, non merci.
Suivez-vous l’actualité musicale en France ?
Pas récemment. A part un duo de jeunes filles – comment elles s’appellent ? Les Brigitte ! On a la télé française quand même ! Une boîte, ça s’appelle la box, avec la French TV. Donc je vois un peu The Voice.
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Votre dernier album, Rester vivant, s’est déjà écoulé à 600 000 exemplaires. Quand on en a vendu plus de 100 millions dans sa carrière, ça fait encore quelque chose ?
Oui, évidemment. Déjà, 600 000 albums aujourd’hui, avec la crise du disque, ça équivaut à 1,5 million il y a huit ans. Mais je ne fais pas ce métier pour les chiffres.
Celui-là a connu un succès critique. Ce n’est pas si courant que ça. Quel effet ça vous fait ?
C’est toujours plus agréable que de se faire démonter. ça stimule. ça prouve qu’on ne s’est pas trop trompé sur le choix des chansons, des compos, des musiciens… Mais vous savez, quand j’ai commencé ma carrière, je me suis toujours dit : « Profite, tu verras bien, tout sera peut-être fini dans un an… » Je vous parle de ça, il y a plus de cinquante ans. La seule vérité dans nos métiers, c’est le travail. Je fais tout par instinct, moi. J’essaie de donner des émotions aux gens. Que le spectateur ressente la chanson.
François Cluzet expliquait pourquoi Gérard Depardieu était un grand acteur : mélange d’une sensibilité, presque féminine, et d’une apparence de force. Comme vous ?
Oui, je le crois. Je suis très proche de Gérard pour ça. Je suis tout à fait capable de pleurer. Il y a quelqu’un qui m’a fait pleurer, et il n’y en a pas beaucoup, c’est Jacques Brel, sur scène, quand je l’ai entendu chanter Ces gens-là.
Cette sensibilité, avez-vous essayé de la dominer avec le temps ?
Non. Je laisse aller les sentiments. Ce travail ressemble beaucoup à ce que j’essaie de faire sur scène.
Il y a une symbolique quasiment religieuse dans vos concerts : le « mourir d’amour enchaîné » que tout le monde reprend les poignets croisés…
Ah oui ! (Il hoche la tête.) C’est venu par hasard. Quand je chantais ça, au début, je ne savais pas trop bien quoi faire, alors j’ai commencé à croiser les poignets. Deux ou trois spectacles plus tard, quelques spectateurs le reprenaient. Maintenant, tout le monde le fait.
Vous traversez la foule comme Moïse sépare la mer. Votre fan-club vous vénère… Il y a une religion « Johnny » ?
Je suis athée, vous savez… Ma folie ne va pas jusqu’à la religion. Elle va vers le sentiment. Les gens viennent à mes concerts pour participer. Pour être tous ensemble.
Avez-vous encore peur que la salle ne se remplisse pas ?
C’est la hantise de tout artiste ! Même quand on est complet, avant de m’habiller, je jette un œil dans la salle et je dis : « Eh ! Là, il y a un rang vide. » On me répond : « T’inquiète pas, tout le monde n’est pas arrivé. »
Vous avez passé votre enfance sur les routes d’Europe. Vous avez dit que la vie normale, sédentaire, ne vous convenait pas. Est-ce encore le cas ?
Je n’ai jamais eu d’amis quand j’étais enfant. Je n’ai été élevé ni par mon père ni par ma mère. J’ai grandi dans une famille de danseurs, Lee Hallyday et ma cousine Desta. On partait en tournée au Danemark, en Italie, en Finlande… Je ne pourrais pas vivre au même endroit. Au bout de deux mois, il faut que je bouge.
Ces tournées ont longtemps été une fuite. Et aujourd’hui ?
A une époque, je n’avais rien d’autre. Je ne rentrais pas chez moi. J’allais à l’hôtel. Quand j’ai eu David (avec Sylvie Vartan, NDLR), j’avais 22 ans. Je sortais jusqu’à des 6 ou 7 heures du mat’ parce que c’est vrai que moi, dès qu’arrivait la nuit, j’avais une espèce de solitude qui me pesait, je supportais pas. Alors que, maintenant, je suis content de passer des soirées en famille.
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Vous dites que vous ne seriez pas devenu Johnny si vous n’aviez pas été abandonné par votre père, à l’âge de 6 mois. Ces stades qui crient votre nom comblent-ils ce manque ?
Quand 50 000 personnes vous applaudissent, pardon de parler comme ça, mais c’est le plus grand panard qu’on puisse ressentir. Il y a une montée d’adrénaline incroyable. Sous la tour Eiffel, en juin 2000, devant 700 000 personnes, je me suis dit : « Qu’est-ce que tu fous là ? » Mais, au bout de deux chansons, je deviens Johnny Hallyday, je ne suis plus Jean-Philippe Smet.
Vous êtes pourtant timide…
Dans la vie, je suis timide. Sur scène, je ne le suis plus.
Si vous deviez vous décrire à quelqu’un qui ne vous connaîtrait pas du tout ?
Je dirais : « Tais-toi et observe-moi. »
Êtes-vous heureux aujourd’hui ?
Plus serein. Plus équilibré. Notamment grâce à mes filles que je vois tous les jours. Comme j’étais divorcé, les enfants, je ne les ai pas vus grandir. J’ai toujours rêvé d’une famille, celle que je n’ai pas eue, mais j’ai toujours raté. C’est la vie, c’est comme ça.
Avez-vous des regrets ?
Je me suis marié trop souvent (rires).
Pourriez-vous un jour arrêter la musique ?
Non. ça me manquerait vraiment. J’aime trop ça. J’aime performer. Créer de nouvelles chansons, de nouveaux spectacles. Comme un entrepreneur. J’adore faire des choses que je n’ai pas encore faites.
Ce désir de nouveauté s’accompagne-t-il d’une insatisfaction chronique ?
Je ne suis jamais totalement content de ce que je fais. Si je réécoute un disque six mois plus tard, je me dis : « Mince, là on aurait pu faire autrement. »
Il n’y a jamais eu de film consacré à votre vie. Qui verriez-vous dans votre rôle ?
(Il réfléchit.)
Ryan Gosling, côté USA ?
Par exemple, oui. Bon choix.
Depardieu, en France ?
Non, trop vieux…
Comment vous appelle-t-on dans la vie de tous les jours ?
Johnny, Jojo ou mon pote. Mais je réfléchis encore à votre précédente question : qui jouerait mon rôle ?
L’Amérique fait partie de ma culture. De plus, ici, je suis tranquille : je peux sortir dans la rue, mes filles vont à l’école normalement. C’est un endroit où je peux me ressourcer, penser et écouter la musique américaine (lire page 15). Et puis je travaille ici : j’y enregistre mes albums.
Vous êtes aujourd’hui un monument de la chanson française mais vous étiez au départ l’ambassadeur de la musique américaine en France…
J’ai grandi là-dedans. J’ai été élevé par Lee Hallyday (à qui il doit son nom de scène, NDLR), le mari de ma cousine Desta. C’était un danseur américain. Ses parents m’envoyaient les premiers disques de Gene Vincent et d’Elvis. Il avait ses entrées dans les bases américaines en France, alors je chantais pour eux contre des jeans Levi’s. Ils me payaient avec des 501.
Vous êtes né d’un père belge mais avez choisi la nationalité française par la suite…
Quand j’ai fait mon service militaire, j’avais le choix entre la Belgique et la France. J’ai choisi la France. C’est mon pays.
Où étiez-vous lors des attentats des 7, 8 et 9 janvier derniers ? Qu’avez-vous ressenti ?
(Il réfléchit.) J’étais à Paris. Ça m’a choqué, beaucoup. J’étais catastrophé. Je veux dire, c’est horrible, cette histoire est horrible. A notre époque, comment ça peut arriver ? En plus, j’étais très copain avec Wolinski. J’ai beaucoup parlé avec Debbouze (Jamel, NDLR). Il a été très affecté. Il m’appelait tout le temps et me disait : « Tu te rends compte ce qui nous arrive sur la gueule ? » Il est comme moi, très pudique. Les gens pensent qu’on prend la parole pour se faire mousser. Pas du tout ! On a des choses, là (il montre son cœur). Mais, au moment du rassemblement, le 11 janvier, j’étais rentré à Los Angeles. J’ai trouvé ça formidable. Dany (Boon), lui, qui était ici au moment des attentats, est rentré en France pour la marche. Si j’avais pu rester à Paris, je serais allé place de la République.
Le pays est divisé, ces derniers temps : montée du FN, attentats, crise économique… Comment voyez-vous la France, d’ici ?
C’est compliqué de me prononcer depuis Los Angeles. Il fait beau, je suis un peu à l’abri des problèmes. Mais c’est vrai que la France ne se porte pas très bien.
Avez-vous suivi la polémique au sujet de la chanson de Jean-Jacques Goldman aux Enfoirés ?
J’ai seulement vu l’interview qu’a donnée Jean-Jacques au « Petit Journal ». Il a bien fait de faire ça : il a tourné la polémique en dérision. C’est qu’une chanson. C’est injuste. Il se donne du mal. Et ça nourrit quand même beaucoup de gens, les Restos du cœur.
Pourquoi ne participez-vous plus aux Enfoirés ?
Parce que trop de gens y vont, qui ne sont pas de ce métier. Et puis me déguiser en clown, moi, non merci.
Suivez-vous l’actualité musicale en France ?
Pas récemment. A part un duo de jeunes filles – comment elles s’appellent ? Les Brigitte ! On a la télé française quand même ! Une boîte, ça s’appelle la box, avec la French TV. Donc je vois un peu The Voice.
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Votre dernier album, Rester vivant, s’est déjà écoulé à 600 000 exemplaires. Quand on en a vendu plus de 100 millions dans sa carrière, ça fait encore quelque chose ?
Oui, évidemment. Déjà, 600 000 albums aujourd’hui, avec la crise du disque, ça équivaut à 1,5 million il y a huit ans. Mais je ne fais pas ce métier pour les chiffres.
Celui-là a connu un succès critique. Ce n’est pas si courant que ça. Quel effet ça vous fait ?
C’est toujours plus agréable que de se faire démonter. ça stimule. ça prouve qu’on ne s’est pas trop trompé sur le choix des chansons, des compos, des musiciens… Mais vous savez, quand j’ai commencé ma carrière, je me suis toujours dit : « Profite, tu verras bien, tout sera peut-être fini dans un an… » Je vous parle de ça, il y a plus de cinquante ans. La seule vérité dans nos métiers, c’est le travail. Je fais tout par instinct, moi. J’essaie de donner des émotions aux gens. Que le spectateur ressente la chanson.
François Cluzet expliquait pourquoi Gérard Depardieu était un grand acteur : mélange d’une sensibilité, presque féminine, et d’une apparence de force. Comme vous ?
Oui, je le crois. Je suis très proche de Gérard pour ça. Je suis tout à fait capable de pleurer. Il y a quelqu’un qui m’a fait pleurer, et il n’y en a pas beaucoup, c’est Jacques Brel, sur scène, quand je l’ai entendu chanter Ces gens-là.
Cette sensibilité, avez-vous essayé de la dominer avec le temps ?
Non. Je laisse aller les sentiments. Ce travail ressemble beaucoup à ce que j’essaie de faire sur scène.
Il y a une symbolique quasiment religieuse dans vos concerts : le « mourir d’amour enchaîné » que tout le monde reprend les poignets croisés…
Ah oui ! (Il hoche la tête.) C’est venu par hasard. Quand je chantais ça, au début, je ne savais pas trop bien quoi faire, alors j’ai commencé à croiser les poignets. Deux ou trois spectacles plus tard, quelques spectateurs le reprenaient. Maintenant, tout le monde le fait.
Vous traversez la foule comme Moïse sépare la mer. Votre fan-club vous vénère… Il y a une religion « Johnny » ?
Je suis athée, vous savez… Ma folie ne va pas jusqu’à la religion. Elle va vers le sentiment. Les gens viennent à mes concerts pour participer. Pour être tous ensemble.
Avez-vous encore peur que la salle ne se remplisse pas ?
C’est la hantise de tout artiste ! Même quand on est complet, avant de m’habiller, je jette un œil dans la salle et je dis : « Eh ! Là, il y a un rang vide. » On me répond : « T’inquiète pas, tout le monde n’est pas arrivé. »
Vous avez passé votre enfance sur les routes d’Europe. Vous avez dit que la vie normale, sédentaire, ne vous convenait pas. Est-ce encore le cas ?
Je n’ai jamais eu d’amis quand j’étais enfant. Je n’ai été élevé ni par mon père ni par ma mère. J’ai grandi dans une famille de danseurs, Lee Hallyday et ma cousine Desta. On partait en tournée au Danemark, en Italie, en Finlande… Je ne pourrais pas vivre au même endroit. Au bout de deux mois, il faut que je bouge.
Ces tournées ont longtemps été une fuite. Et aujourd’hui ?
A une époque, je n’avais rien d’autre. Je ne rentrais pas chez moi. J’allais à l’hôtel. Quand j’ai eu David (avec Sylvie Vartan, NDLR), j’avais 22 ans. Je sortais jusqu’à des 6 ou 7 heures du mat’ parce que c’est vrai que moi, dès qu’arrivait la nuit, j’avais une espèce de solitude qui me pesait, je supportais pas. Alors que, maintenant, je suis content de passer des soirées en famille.
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Vous dites que vous ne seriez pas devenu Johnny si vous n’aviez pas été abandonné par votre père, à l’âge de 6 mois. Ces stades qui crient votre nom comblent-ils ce manque ?
Quand 50 000 personnes vous applaudissent, pardon de parler comme ça, mais c’est le plus grand panard qu’on puisse ressentir. Il y a une montée d’adrénaline incroyable. Sous la tour Eiffel, en juin 2000, devant 700 000 personnes, je me suis dit : « Qu’est-ce que tu fous là ? » Mais, au bout de deux chansons, je deviens Johnny Hallyday, je ne suis plus Jean-Philippe Smet.
Vous êtes pourtant timide…
Dans la vie, je suis timide. Sur scène, je ne le suis plus.
Si vous deviez vous décrire à quelqu’un qui ne vous connaîtrait pas du tout ?
Je dirais : « Tais-toi et observe-moi. »
Êtes-vous heureux aujourd’hui ?
Plus serein. Plus équilibré. Notamment grâce à mes filles que je vois tous les jours. Comme j’étais divorcé, les enfants, je ne les ai pas vus grandir. J’ai toujours rêvé d’une famille, celle que je n’ai pas eue, mais j’ai toujours raté. C’est la vie, c’est comme ça.
Avez-vous des regrets ?
Je me suis marié trop souvent (rires).
Pourriez-vous un jour arrêter la musique ?
Non. ça me manquerait vraiment. J’aime trop ça. J’aime performer. Créer de nouvelles chansons, de nouveaux spectacles. Comme un entrepreneur. J’adore faire des choses que je n’ai pas encore faites.
Ce désir de nouveauté s’accompagne-t-il d’une insatisfaction chronique ?
Je ne suis jamais totalement content de ce que je fais. Si je réécoute un disque six mois plus tard, je me dis : « Mince, là on aurait pu faire autrement. »
Il n’y a jamais eu de film consacré à votre vie. Qui verriez-vous dans votre rôle ?
(Il réfléchit.)
Ryan Gosling, côté USA ?
Par exemple, oui. Bon choix.
Depardieu, en France ?
Non, trop vieux…
Comment vous appelle-t-on dans la vie de tous les jours ?
Johnny, Jojo ou mon pote. Mais je réfléchis encore à votre précédente question : qui jouerait mon rôle ?
Invité- Invité
- Message n°4
Re: Le Parisien magazine
Invité- Invité
- Message n°5
Re: Le Parisien magazine
Jean- Messages : 47268
Date d'inscription : 09/12/2014
Localisation : Issoire
- Message n°6
Re: Le Parisien magazine
Oups!!!! La qualité est au rendez-vous
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